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Fréderic Boilet
L'épinard de Yukiko © Frédéric Boilet / Les Impressions Nouvelles
Fréderic Boilet
L'épinard de Yukiko © Frédéric Boilet / Les Impressions Nouvelles
Frédéric Boilet
L'épinard de Yukiko © Frédéric Boilet / Les Impressions Nouvelles

BD
CADRE AMOUREUX

Gilles Bechet -

Frédéric Boilet a sans doute réalisé la première BD en « case subjective », transposant le principe de la caméra subjective au cinéma. Au delà de la nouveauté graphique et narrative, l’Epinard de Yukiko, publié aux Impressions Nouvelles, est surtout une vibrante et sensuelle histoire d’amour interculturelle et universelle.

 

En japonais, le mot qui désigne le nombril ressemble à celui qui nomme l’épinard à un « h » près. Ce qui fait bien rire Yukiko, la jeune maîtresse d’un auteur de BD qui s’applique pourtant avec tendresse à parler la langue de cette fille dont il est tombé fou amoureux.
Leur histoire a commencé lors d’un vernissage d’une exposition sur la Nouvelle Vague à Tokyo. Un sourire, un échange de numéros de portable et l’espoir d’un rendez-vous en tête à tête. Une fois qu’il a capté Yukiko, dans son regard et dans ses cases, Frédéric Boilet ne va pratiquement plus la lâcher. Sauf qu’un autre homme a aussi reçu le numéro de téléphone de la belle.

Obsession de tous les instants

Avant que le triangle amoureux ne se referme Frédéric et Yukiko ont dix jours pour vivre « quelque chose entre toi et moi qui ne concerne personne d’autre. »
C’est une obsession amoureuse, une obsession de tous les instants qui se défile, tangue et s’entortille au fil des pages et des planches au point de presque donner le tournis. D’un rendez-vous à un bar belge pour un kwak moule-frites, à un séjour dans une auberge traditionnelle, Frédéric ne la quitte pas des yeux. Il guette tous ses gestes, décode ses silences et préfère le langage du corps à celui des mots, même sans « h » aspiré. Dans les magazines, les femmes japonaises sont lisses, brillante parfaites comme une voiture neuve, chez Yukiko, Frédéric aime tout ce qui n’est pas parfait, tout ce qui est difficile à dessiner la cicatrice de varicelle qui rappelle l’île de Bora Bora et les rayures de son tee-shirt. Pour dessiner cet album sensuel, l’auteur a fusionné les techniques en nourrissant son dessin de photos, et de séquences vidéo pour saisir tous les frémissements de vie de son modèle.

Classique du Manga adulte

L’actuelle édition est la version définitive d’un récit qui a connu différentes publications. C’est un magazine d’une émission télévisée japonaise d’apprentissage du français qui a commandé à Frédéric Boilet le récit, à priori simple, d’un français qui rencontre une japonaise, qui la séduit et puis la quitte. L’histoire sera prépubliée dans le magazine sans les scènes les plus charnelles. Devenu un classique du Manga adulte, ce récit a connu neuf traductions et quinze versions. La présente édition comprend donc les pages censurées, des croquis additionnels et même des sous-titres japonais qui permettront aussi à ceux qui le souhaitent de s’initier à la langue de Murakami et de Taniguchi. Histoire de ne pas confondre le nombril et l’épinard.

 

L’épinard de Yukiko, Frédéric Boilet , Les impressions nouvelles, 160 pages, 19 €

 

Disponible sur BAZAR e-SHOP