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Bienvenu
Paiement accepté, Ugo Bienvenu © Denoël Graphic
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Paiement accepté, Ugo Bienvenu © Denoël Graphic
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Paiement accepté, Ugo Bienvenu © Denoël Graphic

BD
DEMAIN LES ARTISTES

Gilles Bechet -

Dans une ambiance décalée aux couleurs acidulées, Ugo Bienvenu signe une fable grinçante de SF sur le surmoi et les limites de la création dans le cinéma de demain.

 

On est en France en 2058. Peu de choses semblent avoir changé par rapport à notre époque si ce ne sont les véhicules, qui ont gommé leurs angles et leurs arrêtes pour glisser comme des grosses bulles sur les routes.
Voici Charles Bernet, réalisateur de cinéma à l’ego surdimensionné. Cet obsessionnel compulsif et prétentieux est sur le point de réaliser le film qui couronnera sa filmographie.

Mais les temps ont changé, s’il veut de l’argent pour son chef-d’oeuvre, il va devoir faire quelques concessions.

Mélange des genres

Dans la séquence d’ouverture apparaît le visage de Trump prêté à un personnage qui s’appelle justement Donald, producteur aux manières abruptes et à l’insatiable appétit sexuel. Au fil des pages, d’autres célébrités comme Depardieu, glisseront leur visage et leur silhouette à un ou l’autre personnage.
Ugo Bienvenu, qui en est à son deuxième roman graphique, propose un curieux récit qui combine la SF, le drame intimiste et la satire du milieu du cinéma, un mélange des genres qui fonctionne assez bien. Le dessin réaliste aux traits fins se pare de couleurs franches et acidulées qui avec les éléments les plus futuristes du décor donnent au récit un côté pop distancié.

Sens de la vie

La narration qui mêle habilement différents enjeux thématiques est rendue aussi accessible qu’addictive par un découpage fluide et cinématographique ponctué de beaux moments de suspension. Le point de basculement du récit intervient après un brutal accident de train. Dans l’ambiance hygiénique d’un centre de revalidation, Charles va reconsidérer les priorités et le sens de sa vie au cours de plusieurs parties de scrabble. Son adversaire, un énigmatique résident qui a perdu la voix, l’encourage à vider sa tête pour découvrir le mot qui est là sous ses yeux, pas dans ses pensées. Charles apprend alors à se libérer des petits mensonges qu’il se racontait pour continuer d’avancer et à rejeter les fautes sur les autres et sur les événements.

Clip grinçant

La singularité de cet album aux ambiances contrastées tient sans doute au profil de son auteur, issu du monde de l’animation. Formé en France et aux Etats-Unis, Ugo Bienvenu a réalisé plusieurs courts métrages dont un clip grinçant pour le groupe d’électropop français Jabberwocky. Il a aussi collaboré avec Marvel autour du personnage d’Ant Man et prépare un long métrage provisoirement appelé Domenica.

 

Paiement accepté, Ugo Bienvenu Denoel Graphic, 144 pages coul, 21,90 €