BSF
LA MUSIQUE
DESCEND SUR LA VILLE

Gilles Bechet -

 

BSF, trois lettres pour cinq jours de musique estivale au cœur de Bruxelles. Il y a les grands noms qui n’ont plus rien à prouver comme Orelsan, Thirty Seconds to Mars, dEUS ou Raphael et puis tous les autres artistes à découvrir, parmi lesquels de nombreux belges.
Sonnfjord (C) Sony Music
Passé l’évocation de l’espace, de la nature et des immensités nordiques se cache un groupe bruxellois mené par la radieuse Maria-Laetitia Mattern. Chanteuse et compositrice du trio, elle est aidée à la tâche par son frère Aurelio et de François de Moffarts à la musique et aux arrangements. Discret, le groupe sait prendre son temps pour peaufiner son projet, distillant une poignée de chansons lumineuses et entêtantes d’électro-pop, sur deux EP’s en quatre ans. Comme un papillon de nuit qui recherche les lumières de la ville, ils se laissent porter par les milliers d’histoires qui résonnent des pulsions des cœurs pour un temps esseulés, contemplatifs ou triomphants.
Sonnfjord, 14.08.18, 21:30, La Madeleine
Fantastic Negrito (C) Cooking Vinyl
Miraculé de la vie, après un premier contrat bancal et un accident de bagnole presque fatal, le Californien Fantastic Negrito s’est réinventé dans une fusion brûlante entre la puissance et le tranchant des guitares du premier Led Zeppelin, le funk de James Brown et le blues écorché des origines. Si sa musique semble puiser dans l’héritage musical américain, ses préoccupations et son urgence sont bien actuelles. Toujours enregistré dans son home studio de Oakland, là où on entend la sirène de train qui passe à côté, son deuxième album Please Don’t Be Dead affronte les démons de l’Amérique de Trump, la pauvreté, les inégalités sociales et raciales. Quelques riffs ne suffiront pas à briser les chaines, mais ils redonnent la pêche.
Fantastic Negrito, 14.08.18, 22:00, Place du Musée
Clara Luciani, photo Manuel Obadia-Wills
La grande brune au regard charbonneux se réclame autant de Françoise Hardy que de Nico ou PJ Harvey. Quand de sa voix grave, Clara Luciani lâche Hé toi/Qu’est-ce que tu regardes ?/ T’as jamais vu une femme qui se bat ? , elle nous offre la bande-son idéale pour le monde post-Weinstein. Avec sa basse qui claque, La grenade est l’irrésistible ouverture de son premier album Sainte-Victoire qui fait suite à sa participation au groupe La Femme et au projet Nouvelle Vague. Sans doute biberonnée à Taratata, la guerrière ne se refuse pas à quelques reprises, réinterprétant dans la langue de Barbara, The Bay de Metronomy ou Blue Jeans de Lana Del Rey. Je ne suis qu’un animal déguisé en Madonne, et je pourrais te faire mal, nous chante-t-elle. Autant être prévenus.
Clara Luciani, 15.08.18, 19:15, Orange Stage, Mont des Arts
Roméo Elvis (c) Guillaume Kayakan
Voilà un artiste qui n’aura aucune peine à faire bouillir la Place des Palais et y faire nager son crocodile fétiche, pour un concert qu’on imagine de feu devant son public. Rappeur atypique, Roméo Elvis a su créer un univers loin des clichés et en même temps profondément ancré dans le rap. Il travaille ses rimes et ses rythmes en outsider avec son inventif complice sonique Le Motel. Sans chercher à montrer les muscles, il cultive l’auto-dérision comme il peut caresser la mélancolie de sa grosse voix d’ourson. Il faut quand même se méfier de celui qui parle à l’oreille des crocos quand il prétend qu’il ne sait pas placer un mot. Son irrésistible flow sinueux s’enroule comme un serpent. Où sont les pommes ?
Roméo Elvis X Le Motel, 16.08.18, 20:45, Ethias Stage Place des Palais
RO Konoba (C) Lou West
Le concert bruxellois offre aux deux artistes R.O et Konoba une pause belge dans un projet nomade hors du commun. En dix mois, le duo s’est promis de visiter 10 pays et de produire 10 chansons composées et produites tout au long de leur périple entamé le 1er avril. Chaque nouveau titre est alimenté des rencontres, des sons et d’images captées au cours du voyage. À la fin de ce challenge, ils auront sorti 10 nouvelles chansons, une par pays, qui seront regroupées sur un unique album comme autant de cartes postales musicales. Jouant avec les nappes mélodiques, les beats, les voix et le « field recording », ils composent d’instinct des chansons rêveuses, mélodieuses et accrocheuses comme des boîtes à malices, à l’image de l’entêtant On Our Knees ou du labyrinthique Get Home.
R.O x Konoba, 17.08.18, 17:30, Ethias Stage Place des Palais
Pale Grey (C) Bettina Genten
Avec Waves, leur deuxième album, les liégeois de Pale Grey se sont réinventés. Sans vouloir se brider et se limiter, ils ont mis dans leurs chansons tout ce qu’ils aimaient, toute la musique qui les fait vibrer. On passe ainsi de la pop à l’electro-folk ou au rap. Et ça marche. Leurs compositions kaléidoscopiques, insaisissables à première écoute, associent la légèreté, l’élégance et la mélancolie. Le soleil un peu éblouissant du premier album a fait la place à une brume délicate. Mélodieuses et cotonneuses, leurs chansons sont comme le film qu’on se déroule au petit matin quand on ne sait plus très bien ce qu’on a fait la veille. Les rêves se mélangent aux illusions et les mélodies sont là pour rester.
Pale Grey, 17.08.18, 20:00, La Madeleine
Infospratiques
Arsenal (C) Arsenal Music
Inoffensives, les armes d’Arsenal le sont certainement , mais elles n’en sont pas moins redoutables puisqu’elles font danser jusqu’à plus soif. Actif depuis 1999 le groupe formé par Hendrik Willemyns et John Roan a très vite fait tremper son électro dans la sauce world ou dans l’indie rock bien abrasif. Au fil de leurs six albums, ils ont multiplié les collaborations. Du chanteur brésilien Mario Vitalino Dos Santos au rappeur chinois Chi Zang, à Gabriel Rios ou à Grant Hart de Hüsker Dü, ils ont le choix éclectique. Avec les foules, ils savent y faire puisqu’ils ont joué à cinq reprises Rock Wechter, ont rempli le Lotto Arena et l’AB pour 5 soirées d’affilée.
Arsenal, 18.08.18, 20:45, Ethias Stage Place des Palais