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Angus & Julia Stone, Snow

CD
LE SOLEIL D’HIVER
ANGUS ET JULIA STONE

Gilles Bechet -

Depuis qu’on a embarqué sur leur Big Jet Plane, on n’en est jamais vraiment descendu. On a gardé un petite place dans le long courrier d’Angus et Julia Stone, un siège près de la fenêtre pour rêvasser au son de leurs chansons mélancoliques et ensoleillées.

Références

Snow, le nouvel album arrive trois ans après le précédent et on s’y retrouve en terrain connu. Une douceur chaloupée, les voix du frère et de la sœur qui se répondent sans effort. Guitare basse, batterie, même si les rythmes nonchalants sont souvent confiés à une boîte à rythmes qui pulse discrètement. Les mélodies déroulent comme une évidence, il y a des parfums de rock seventies, de Crosby, Stills and Nash à Fleetwod Mac, mais sans jamais virer dans le pastiche ou le passéisme. Ça ne sent pas la naphtaline mais les grands espaces de l’Outback.

 

Cavale

L’album a été enregistré sans pression dans la ferme de Angus, à Byron Bay à l’extrême Est du continent australien. On sent la présence de l’océan et l’environnement sauvage.

La première plage, Snow, accroche toute de suite l’oreille. Un glissendo de guitare, un irrésistible la la la et commence le jeu de domino chanté entre Angus et Julia, soutenus par une éclaboussure d’orgue Hammond. Why don’t you stay ? Nous chantent-ils. Et bien oui, on va bien rester un peu. Oakwood est à peine plus soutenu. Angus se met dans la peau de deux amants en cavale dans un pick up poussiéreux. La guitare résonne comme il faut.

 

Fraîcheur désarmante

Château jette un œil furtif sur le Chateau Marmont, l’hôtel de stars de Hollywood, une cavale douce et euphorique vers l’inconnu. Cellar Door joue le contraste entre le couplet serré et félin de Angus et le refrain choral de Julia. Le titre fait référence au film Donnie Darko qu’Angus, grand cinéphile, a dû revoir une dizaine de fois dans les bus de tournée ou sur une tablette dans un hall d’aéroport. Make it out alive raconte une after-party surréaliste sur le ton de la confession. Les histoires d’amour ne finissent pas toujours bien. Dans Who do you think you are au rythme de cavalcade métronomique, Angus balance à un amour éteint de prendre ses valises et de se casser. Dans Nothing Else Julia, discrètement soutenue par Angus, a l’art de chanter une bluette avec une fraîcheur désarmante. Sur la complainte Bloodhounds, la voix d’un Angus esseulé prend même des inflexions à la Bob Marley. Baudelaire, fausse valse élégiaque a peu de chances d’être reprise pour accompagner une campagne Bob puisqu’elle trouve la consolation dans la bouteille et dans les bras de l’être aimé. Sylvester Stallone, ne montre pas les muscles et conclut l’album tout en douceur avec cette conviction intime que l’amour peut arrêter le temps et la course des étoiles. Mais on peut aussi recommencer et remettre le disque.

 

Snow, Angus & Julia Stone, CD distribution PIAS, 12 titres, 48,30 minutes

 

En concert jeudi 12 octobre 2017, à Forest National

 

A lire cette semaine l’interview long format de Julia Stone où elle raconte son premier contact avec la neige, évoque l’enregistrement de son album et le travail avec son frère.