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Henaut
Antoine Hénaut, Par défaut, (c) 30 Fevrier

CD
Antoine Hénaut
à l’ancienne

Gilles Bechet -

Retour tout en simplicité de Antoine Hénaut, éternel adolescent lunaire qui aime la vie et les gens et nous livre onze chansons hors du temps.

 

Il avait un peu disparu des radars, Antoine Hénaut depuis son dernier et troisième album Poupée Vaudou en 2016. Saltimbanque de la chanson, il avait déboulé en 2011 comme Quelqu’un de bien derrière ses lunettes et son humour désabusé. Le voici avec un nouvel album de chansonnettes hors du temps. Certaines auraient pu être chantées par Adamo dans les années 60, d’autres par Thomas Fersen ou Vincent Delerm. On est dans la chanson de bastringue buissonnière ou d’un rock bluesy, on passe des flonflons de la fanfare à la valse ou à la bossa nova. On y croise des menteurs à gages, des amants dans le placard, des filles sages qui aiment les mauvais garçons ou le copain qu’elle appellerait bien pour parler de l’autre.

 

 

Votre album s’appelle Par défaut, vous manquez d’assurance ?

Pendant quatre ans, j’ai arrêté la musique suite au décès de mon papa. Le jour de mes 30 ans, mon épouse m’a fait une surprise en invitant un de mes amis musiciens, Jérôme Hiernaux. Il est resté quatre jours à la maison pendant lesquels j’ai ressorti des vieilles chansons, des textes que j’avais écrits à un moment et qui n’étaient nulle part. On a commencé à jouer ensemble à deux guitares. On s’est dit que ce serait bien de remonter sur scène tous les deux et prendre du plaisir. On a fait un concert, puis deux. On est arrivé à un moment où il y avait pas mal de morceaux, suffisamment pour faire un album. On s’est dit pourquoi pas, c’est donc venu un peu par défaut.

 

Il y a dans votre écriture un classicisme décontracté ?
C’est la mécanique de la chansonnette et de la chanson paillarde avec une structure couplet refrain qu’on retient facilement. Maintenant, il y a quand même quelques envolées musicales grâce à Jérôme qui a réalisé l’album. Je les adore parce que je suis incapable de faire ça. Quand je fais une chanson, elle est très format chanson. On respecte le nombre de pieds, les couplet, refrain, bridge. Je suis très là-dedans, c’est pour ça que j m’entoure de professionnels parce que moi je ne suis pas musicien. Je connais quatre accords et c’est juste que je les change de sens, mais Jérôme Hiernaux et les deux autres musiciens, Hugo Adam et Philippe Quewet qui sont des multi-instrumentistes viennent mettre d’autres accords quand ils trouvent que la chanson devient chiante.

 

Vous souvenez-vous comment la musique est entrée dans votre vie ?

Mon père a toujours écouté beaucoup de musique classique, des opéras. A chaque fois qu’on ouvrait la porte de son bureau à la maison, la musique classique allait à fond. J’ai beaucoup été bercé par ça, par Bach, Chopin, Eric Satie aussi que j’ai découvert après avoir visité sa maison d’enfance à Honfleur. Je pense que la musique vraiment est rentrée à ce moment là. C’est mon frère, de onze ans mon ainé, qui m’a fait découvrir pas mal de choses. Vu qu’il était régisseur, il a été amené à travailler avec de nmbreux artistes dont il ramenait des CD, de Thomas Fersen, Vincent Delerm et Ann Pierlé. J’ai commencé à faire de la musique en apprenant la guitare avec lui qui commençait aussi à jouer. Un soir lors de la communion d’un de mes cousins, on s’est dit, on va faire un groupe ensemble et le soir même il s’est crashé en voiture et il est mort. Du coup, c’est avec des copains de l’école que j’ai fait un premier groupe. Ça s’appelait Narcoleptique. On a tourné un petit peu, puis j’ai continué à faire des chansons en solo. La musique finalement ça s’est fait assez naturellement; mais je suis content que ça soit là et que ça existe.

 

Ce qui vous inspire dans vos chansons, ce sont les gens, le vécu ?

Oui les gens et les petites histoires que je m’invente. En ce moment, je suis très nostalgique. Les chansons un peu plus sombres de l’album parlent notamment du temps passé et du temps à passer. Notamment la dernière Jamais toujours que j’ai chantée avec mon épouse Mara qui est aussi ma manageuse.

 

Si vous n’étiez plus chanteur que seriez vous alors ?

J’aimerais bien pouvoir écrire des fictions, des romans. J’ai essayé pendant longtemps et je n’y parviens pas. Je m’arrête au bout de 30 pages, je ne suis plus captivé par l’histoire, j’ai du mal à mettre du suspense, trouver l’adversité. C’est comme ça que j’ai commencé à écrire sur mon enfance et sur mon papa. J’ai fait une petite enquête dans ma famille pour retracer son enfance à lui et savoir un peu d’où il vient. Du coup, ça m’en dit aussi sur moi et ça contraste aussi avec mon enfance. L’écriture, c’est aussi une vraie thérapie. En interrogeant mon entourage, j’ai découvert que, vers six ans, mes parents m’ont emmené chez le psy. Je me souviens vaguement que ça n’a pas été facile que j’ai beaucoup voyagé entre les classes et les psys. Ma maman m’a dit qu’à 6 ans, je voulais arrêter l’école. J’étais très sombre et je parlais tout le temps de la mort. Comme je n’ai pas de souvenirs très précis, je ne sais pas comment j’ai dépassé cette période, mais j’en suis sorti.

 

Maintenant vous pensez encore beaucoup à la mort ?

Ah non, ça va. Je pense plutôt à la vie.

 

Antoine Hénaut, Par défaut, CD 30 février, 11 titres, 40 min

 

En concert
Le 24 janvier, Mars Mons,
Le 30 janvier, Mouscron CC
Le 6 février, Le Rideau Rouge Lasne
Le 13 mars, Listening Room, Lessines
Le 9 mai, Jardin Passion Namur