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Saint Guidon
Saint Guidon, Charlène Darling, (c) a1000p

LP
La douce folie de
Charlene Darling

Gilles Bechet -

Pour son irrésistible premier album Saint-Guidon, enregistré à Bruxelles, Charlène Darling dévoile un univers pop et fragile, d’une palette sonore riche en percussions et en discrètes mélodies.

 

 

Jeune fille en fleur

Charlène Darling débute son premier album sur la pointe des percussions avec Les pavillons blancs. Ou elle glisse son petit filet de voix pour chanter Sous les arches, je t’embrasserai. Posées sur un tapis de discrètes dissonances, la chanson progresse comme un chat qui explore un jardin. Doucement le vent se lève avec des chœurs angéliques pour se conclure en un tourbillon de folie ponctué de drôles de petits cris. Des orties est un petit bijou avec musique nonchalante et anisée aux paroles doucement surréalistes Je couds des orties sur ta peau glabre et mate, battant des jambes, le cou tendu, aimable.  Le tout est emballé dans un arrangement plein de profondeur comme des décors peints qui coulissent pour un album que Charlène décrit comme un album de pop française de jeune fille en fleurs.

Mutin et contemplatif

Qu’une parisienne enregistre pour un label bruxellois un album qu’elle appelle Saint-Guidon est déjà intriguant. Et quand cette ancienne riot girrrl biberonnée dans les déflagrations expérimentalo-noise du rock alternatif emprunte son nom d’artiste au personnage d’une chanteuse de Bluegrass dans une sitcom américaine des années 60, le dépaysement est total. Entre pop low-fi et explosion électrique, entre folk et expérimentations discrètes, les huit chansons de cet album mutin et contemplatif sont insaisissables à l’image de La peau bleutée qui commence en blues alangui, traversé de curieux sons de guitare, puis passe au bubble gum pop sixties pour virer en surf music dissonante. Dans En Jean, elle livre un funk synthétique sexy et tribal et clôture en beauté avec le seul titre en anglais Every Night, qui s’estompe dans une douce et instable euphorie.

Garder la liberté

L’enregistrement de ce disque qu’elle a fignolé avec un soin malade lui a pris quatre ans avec de nombreux allers-retours à Bruxelles, notamment dans le quartier Saint-Guidon. Pour composer sa palette sonore, elle a invité un brochette de musiciens avec qui elle a déjà collaboré dans d’autres projets Aux manettes et à la production, Rémi Gérard (alias mim), fondateur du label bruxellois a1000p, pour aux l’amour aux 1000 parfums.
Toutes ses années de bricolages sonores ont nourri ce premier album où la jeune trentenaire a su garder la liberté de l’expérimentation sans laisser l’auditeur à quai grâce à une musique mélodique, vivante et colorée. Non loin de Saint-Guidon, il y a la Maison d’Erasme, avec son jardin qui invite à la mélancolie et à la folie créatrice. Si on les cherche on y trouvera peut-être des orties.

 

Charlene Darling, Saint Guidon, LP a1000p, 8 titres, 35 minutes

En concert au Brass, jeudi 05 mars 2020 www.lebrass.be