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Yôkaï
Yôkaï © Stephan Goldrajch

CD
YÔKAÏ
PASSAGERS DE L’INVISIBLE

Gilles Bechet -

Entre improvisations et compositions marquées par l’éthio jazz et le rock psychédélique, les huit multi-instrumentistes de la formation bruxelloise Yôkaï signent un premier album captivant aux sons organiques où rien n’est figé.

 

 

Origine

Dans les traditions japonaises, les Yôkaï sont des créatures surnaturelles et imprévisibles, parfois espiègles, parfois malfaisantes. Elles interagissent dit-on avec les humains en s’introduisant dans leurs rêves. Dans nos oreilles ravies, Yôkaï est désormais le nom d’un combo bruxellois qui pratique une musique inclassable, nourrie de jazz, de rock psychédélique et progressif et d’impro.

Multi-instrumentistes

Tout a commencé vers 2011 à Recyclart Yannick Dupont, batteur du groupe, avait carte blanche pour jouer chaque mois avec des musiciens différents. Un premier noyau s’est formé autour d’une passion commune pour la musique de John Zorn, Ornette Coleman, Éric Dolphy ou encore de l’éthiopien Mulatu Astatke. A l’occasion d’une série de concerts au Potemkine, le groupe a trouvé ses rythmes de croisière et son line-up. Ils sont désormais huit musiciens, tous multi-instrumentistes actifs dans une constellation d’autres formations.

Univers mouvant

Yôkaï, c’est deux batteries, deux guitares, deux sax, une basse et un clavier. Un son compact et puissant qui se permet des envolées aux motifs instrumentaux tantôt vifs et insaisissables, tantôt groovy et hypnotiques.

On est d’abord un groupe de scène confirme Yannick Dupont, « On a enregistré un album pour avoir une carte de visite et décrocher des concerts. Depuis nos débuts, on a pas mal évolué à force de jouer ensemble. Le style et les étiquettes ne sont pas très importantes. Il n’y a pas de direction concertée, notre son est la somme de toutes nos influences respectives. Le disque a été enregistré en deux sessions, la deuxième était totalement improvisée. »

Ce premier album qui, après un EP qui annonçait la couleur, installe quelques repères dans l’univers mouvant des huit musiciens.

Les mondes de l’invisible

Plutonia, nous met immédiatement en confiance avec sa ritournelle à l’orgue, une descente à la guitare, une basse qui chaloupe, des cris de sax et une flûte pour garder la légèreté.

Daphné est beaucoup plus atmosphérique, façon musique de film, des bruits de pas, des grincements de guitares, le souffle d’une flûte, ces diables de Yôkaï nous tirent par les oreilles vers des contrées musicales insoupçonnées. A milieu de l’album, l’envoûtant Petit indien n°3 avec la voix de l’excellente Lynn Cassiers qui agit comme un baume apaisant.

Juste après le galopant et impérial X, Digitaline clôt le disque en beauté comme une marche sur les traces d’un orgue cotonneux. Les yeux grands ouverts dans un paysage embrumé, il ne fait pas froid. On voit ce qu’on a envie d’y voir. Et on sait au fond de nous que ces Yôkaï là ne nous veulent que du bien. Les mondes de l’invisible sont infinis. Ce n’est pas le masque crocheté de l’artiste Stephan Goldrajch qui nous fixe depuis la cover avec sa bienveillance ébouriffée qui nous dira le contraire. Il ne faut pas craindre s’y aventurer.

 

CD  Yôkaï Humpty Dumpty records, 8 titres, 37 minutes

 

En concert 

Le samedi 04 mai aux Nuits Botanique, www.botanique.be

Le mercredi 29 mai, Le Vecteur, Charleroi, www.vecteur.be