Chaque semaine, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.
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Aucun de nous ne reviendra, Charlotte Delbo
Vous serez bouleversés par L’Aube à Birkenau
Un destin hors du commun, celui d’une jeune fille juive qui d’une enfance protégée se retrouve à seize ans dans un camp de concentration. Simone Veil y perdra sa famille et ses illusions sur l’âme humaine. L’horreur, elle l’a vécue dans sa chair, dans son âme. L’Aube à Birkenau raconte ses années-là, mais aussi la période de l’après-guerre, celle où les rescapés faisaient « semblant d’exister ». De tragique, son destin s’est emballé jusqu’à devenir cette grande dame de la politique française.
L’extrait
Aujourd’hui, lorsqu’on revient sur le site d’Auschwitz, on voit de l’herbe et des arbres. Les pelouses sont soignées. Les bâtiments sont en bon état, avec une belle couleur patinée. Même les barbelés semblent paisibles. On ne se rend pas compte que, sur chaque mirador, il y avait des SS avec des mitraillettes. Ce que l’on voit aujourd’hui ne ressemble pas au camp. Absolument pas.De toute façon, ces lieux ne traduisent pas les sensations physiques. Les camps, c’était l’odeur des corps qui brûlaient. Une cheminée dont la fumée obscurcissait le ciel. La boue partout. Des galoches aux pieds, nous trébuchions dans cette boue. Les SS et les kapos vous guettaient, prêts à vous frapper de leur matraque de caoutchouc. Ici ou là, entre les baraquements, circulaient des êtres qui étaient presque des choses. Il était difficile devoir en eux des êtres humains.
Entre les lignes
Digne, humaine, intransigeante, Simone Veil est de ces femmes dont le courage force le respect. Ces entretiens recueillis par le réalisateur David Teboul, devenu son ami, est une promesse faite par le cinéaste à Simone Veil. Un témoignage sans filtres pour combattre l’oubli. A lire. Absolument.
L’Aube à Birkenau, Simone Veil, Pocket édition N° 18395, 8,50 €