LES LUMIÈRES
D’ALEX WEBB

Gilles Bechet -

 

Dans l’exposition d’Alex Webb au Botanique, le monde n’a jamais semblé aussi vibrant de couleur et de présence. De Haïti à Grenade, de Tijuana à Istanbul, il a ramené des images comme autant de poèmes visuels où seules les certitudes sont fuyantes.

 

Bar. Gouyave, Grenada, 1979 ©Alex Webb

Alex Webb capte les vibrations du monde, ses couleurs. Depuis plus de trente ans, le photographe américain arpente les rues de la planète, attiré par ces lieux frontières où les identités ne se séparent pas mais se superposent. Promeneur compulsif, il marche, il marche jusqu’à ce que la bonne photo s’impose à lui .

 

Mexicans arrested while trying to cross the border to United States. San Ysidro, California, USA, 1979 ©Alex Webb

Je suis souvent intrigué par la complexité des situations. Ça vient dans doute du fait que plus j’avance dans ma vie, plus le monde m’apparait complexe et déconcertant. Prendre des images complexes, c’est ma manière de reconnaitre cette complexité. Ce qui m’intéresse c’est d’observer comment des tas d’actions et d’émotions apparemment étrangères les unes aux autres peuvent coexister dans une image.

 
Entretien avecAlex Webb

Mexicans arrested while trying to cross the border to United States. San Ysidro, California, USA, 1979 ©Alex Webb
J’étais avec une patrouille de gardes frontière sur la route qui longe la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Par la fenêtre, j’ai vu un hélicoptère au-dessus du champ de fleurs, j’ai vu la lumière dans le ciel. Et l’arrestation des clandestins. J’ai demandé aux policiers d’arrêter et j’ai couru dans le champ pour prendre quelques clichés, c’était un hasard total. J’aime cette photo parce qu’elle dégage une beauté immédiate et en même temps quelque chose de plus dérangeant.

 

Infospratiques
On board a ferry at dusk near the Princess Islands. Istanbul, Turkey, 2001 ©Alex Webb
Il a photographié Istanbul comme une ville mystérieuse, comme le décor d’un film d’espionnage ou d’histoires d’amour secrètes. C’est une ville qui me fascine car elle est traversée de multiples frontières, entre l’orient et l’occident, le religieux et le séculaire et entre l’ancien et le moderne. J’ai pris cette photo sur le bateau qui revenait de l’Ile des Princes. C’est une image qui est belle et mélancolique. Cette sensation de mélancolie traduit pour moi l’âme d’Istanbul, un sentiment que les Turcs appellent Hüzün.