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Vincent Glowinski, Oiseaux, 2018 (C) Galerie Mathilde Hatzenberger
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Vincent Glowinski, Ours, 2017 (C) Galerie Mathilde Hatzenberger
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Vincent Glowinski, Cerf debout, 2016 (C) Galerie Mathilde Hatzenberger

LES ESQUISSES SAUVAGES
DE VINCENT GLOWINSKI

Gilles Bechet -

Vincent Glowinski  (Bonom) accroche ses dessins et peintures dans l’intimité de la galerie Hatzenberger. Sketches déploie un univers particulier où les animaux, les paysages et les squelettes sont calligraphiés de quelques traits vibrant d’une même force sourde.

 

Esquisses sauvages

Si on pousse la porte de la Galerie Mathilde Hatzenberger, sans trop connaître les antécédents de l’artiste Vincent Glowinski, on découvre une série de dessins très directs, bruts. Des animaux, des paysages dévastés qui dégagent la sourde force sauvage de la nature. En vitrine, tout commence par ces petites marionnettes, un loup fait de bouts de bois tenus ensemble par un mécanisme métallique apparemment animé par une pile. Mais il en faut certainement plus qu’une pile pour faire bouger cette créature-là. Tout près sont immobilisées de petites boites, posées sur de minuscules roues qui les font ressembler à des wagons. Elles ont le couvercle ouvert et leur contenu s’étale au devant. On ne peut s’empêcher d’y voir une pile de cadavres que des rails, dessinés à gros traits charbonneux en dessous d’eux, semblent mener vers une funeste et inéluctable destination. On devrait être saisi d’effroi, mais c’est la tendresse qui nous sert la gorge car l’artiste a dû faire preuve d’une infinie douceur pour assembler ces petits personnages.

Impénétrable

Les dessins présentés sont des esquisses, mais pour Vincent Glowinski l’esquisse est un art définitif. Un art à part entière, le seul qui d’un geste de la main est à même de traduire le mouvement. Le galop d’un cerf et le vol d’un oiseau. Et même quand il dessine une noire forêt impénétrable, le mouvement est invisible mais il est là, sous l’écorce et sous l’humus et sous le ciel chargé qu’on devine à peine derrière les traits fiévreux.
Chez Vincent Glowinski chaque dessin s’inscrit dans un projet spécifique, un plus grand dessein serait-on tenté de dire, performance, fresque ou décor de théâtre. Il a besoin de ce carburant pour dessiner. Sauf peut-être quand il se laisse aller à un dessin érotique peint sur peau. La délicatesse d’un corps féminin, des couleurs chair, de roses oranges estompés délicatement posés sur une peau animale.

Calligraphie

Certains de ces dessins ont été crée lors des performances réalisées avec le batteur Teun Verbruggen où l’artiste improvise avec de l’encre, des pinceaux et du papier sur lequel il dessine, découpe et superpose. De cette logorrhée graphique et picturale sans repentir et sans préparation, les feuilles s’accumulent dans des fardes de son atelier. En galerie, elles se posent, acquièrent une autre dimension, une existence propre. Quand il se laisse guider par l’économie de moyens et de traits, ses esquisses se rapprochent de la calligraphie improvisée, d’une écriture vibratoire qui capture le mouvement de la vie.

Adrénaline

Dans ses dessins tel Eadweard Muybridge, il espère percer le secret de ces mouvements, mais en fait il sait que le secret est bien gardé et que l’artiste ne peut que l’approcher. D’autres dessins sont des esquisses de grandes fresques appelées à couvrir des murs dans la ville. Car c’est dans les graffitis que Vincent Glowinski s’est fait connaître sous le nom de Bonom, une ombre qui hantait la ville , la traversait aux petites heures de la nuit. Il entamait ses dessins muraux comme une performance, comme une expédition, titillé par l’adrénaline de l’interdit et du danger. Il aime travailler vite, à l’instinct. En s’aidant des petits croquis parfois griffonnés sur un petit carnet à spirales comme on en voit à l’exposition. La force d’un dessin capable de donner vie aux squelettes, de faire courir les cervidés et voler les oiseaux en grand comme un petit doit être doté d’une puissance magique. Qui même sur papier n’est pas complètement éteinte. Il suffit de la regarder suffisamment longtemps. Et sentir un frisson dans son échine.

 

Vincent Glowinski, Sketches
22.03 > 28.04

Mathilde Hatzenberger Gallery
145, rue Washington,1050 Bruxelles

www.mathildehatzenberger.eu