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Downsbrough
Peter Downsbrougn, overprint 2019, (c) Editions Thill SA Bruxelles
Downsbrough
AND /MAAR, OP – AND /POUR, ET, 2003, Photo Karel Downsbrough © Peter Downsbrough & Artists Rights Society (ARS) New York
Downsbrough
AS, HERE, OR, SET, 2013, photo Kaatje Cusse © Peter Downsbrough & Artists Rights Society (ARS) New York
Downsbrough
AND /MAAR, OP – AND /POUR, ET, 2003, Photo Karel Downsbrough © Peter Downsbrough & Artists Rights Society (ARS) New York

DES LIGNES ET DES LETTRES
PETER DOWNSBROUGH

Gilles Bechet -

Le minimaliste américain, Bruxellois d’adoption, Peter Downsbrough s’installe dans l’espace du Botanique où il sème ses œuvres comme les pièces d’un puzzle qui joue avec le cadre et la perspective.

Cadre libre

C’est une exposition pleine de vides à remplir. Peter Downsbrough manie les lignes, les verticales et les mots comme un jeu de piste. Architecte de formation, l’artiste américain a commencé sa carrière au début des années 70. Depuis 1989, il vit et habite à Bruxelles. En 2003, à l’occasion de son exposition POSITION au Palais des Beaux Arts, il crée une œuvre permanente Boulevard Emile Jacqmain. Intitulée AND /MAAR, OP – AND /POUR, ET, la sculpture est de grande dimension mais discrète. Une barre verticale et un retour horizontal qui accroche un mot en lettres capitales. Une simple conjonction, un petit mot qui relie, des lignes qui cadrent, s’inscrivent dans le ciel, caressent les gratte-ciels. C’est l’essence de son travail. La perception de l’œuvre placée de part et d’autre du boulevard change en fonction du point de vue. C’est le spectateur qui crée le cadre. Elle se fond tellement dans le paysage que beaucoup de bruxellois ne l’ont pas remarquée.

Vocabulaire

Quand il expose entre des murs, Peter Downsbrough attache toujours autant d’attention à l’espace et invite le spectateur à en faire de même. Les œuvres ne doivent pas s’apprécier par une vision frontale, mais par un regard qui tourne autour, qui frôle. L’exposition qui s’ouvre au Botanique a muri pendant près d’une année, douze mois au cours desquels l’artiste s’est rendu régulièrement dans la salle pour sentir les lieux qui allaient accueillir son travail. En 40 années de pratique artistique, Peter Downsbrough a affiné un vocabulaire qu’il pose sur l’architecture et sur la ville et dans lequel il est assez facile de se glisser. Il y a peu de différences formelles entre deux travaux séparés de vingt ans. Seul le contenu change, le cadre à remplir. L’artiste n’aime pas trop expliquer son travail. Il ne veut pas guider le regard du spectateur qu’il préfère laisser libre de lier et rassembler à sa guise les éléments déployés devant lui.

Voyage

Sur un des murs de la grande salle, un grand carré en déséquilibre posé sur une ligne de flottaison crée de drôles de disruptions quand on l’approche ou quand on le frôle du regard. Sur le mur d’en face, des croix comme au centre d’une boussole. Comme la clé pour un long voyage.
Au centre de la pièce, une installation délimite dans l’espace les volumes d’une chambre imaginaire. On peut y entrer en sortir, car elle est ouverte à tous vents. C’est un espace habitable et non excluant.
Largement fidèle au noir et blanc, Peter Downsbrough a quand même créé deux monochromes dont le rouge bordeaux rappelle la teinte des colonnes de brique. Une série d’images de la série DOORWAYS rappelle que l’artiste est aussi photographe. Dans différentes ville d’Europe , il a dirigé son objectif vers des portes de maisons, vues comme des compositions géométriques, très concrètes.

Ouverture au dialogue

A l’étage, il a posé simplement un cadre noir pour marquer l’emplacement d’une fenêtre marquée.
les lignes verticales donnent envie de regarder en l’air, les mots retenus d’un seul côté sont prêts à s’envoler et flotter dans notre esprit pour accrocher des idées et d’autres mots vagabonds.
L’exposition se poursuit dans la galerie, où l’artiste a installé une « room piece » comme il aime la nommer. L’œuvre est plus radicale. Des aplats de noir sur le mur, quelques mots. Il y a quelque chose de vertigineux là dedans, comme si on se mettait au centre d’un espace et qu’on tournait sur soi-même à en perdre la tête. Minimaliste, n’est pas un autre mot pour dire aride. Même si certaines personnes peuvent trouver son travail froid, Peter Downsbrough indique que d’autres y trouvent des émotions et de l’humour. Je vois mon travail comme une ouverture au dialogue. Quand des spectateurs discutent entre eux de ce qu’ils y voient, c’est juste un point de départ qui peut les mener dans des tas de direction Mais s’ils ne voient rien. C’est bien aussi, ce n’est pas un problème pour moi.

 

Peter Downsbrough, OVERLAP/S

jusqu’au 11 août 2019

 

Botanique
236 rue Royale
1210 Bruxelles www.botanique.be
Du mercredi au dimanche de 12.00 à 20.00 T : 02 218 37 32

 

Peter Downsbrough – DIGITAL FILMS
jusqu’au 30.6.2019

Dans sa black box, la galerie ARGOS présente également
une sélection de 10 courts métrages.
ARGOS Centre for Art and Media
17 rue du Chantier, 1000 Bruxelles
www.argosarts.org