Fenêtres virtuelles
sur l’art

Gilles Bechet -

 

Musées, galeries fermés. Pour compenser l’inaccessibilité physique momentanée de leurs espaces, différents lieux d’art ont ouvert d’autres fenêtres sur leurs expositions et sur leurs œuvres. Sélection d'initiatives passionnantes.
Pieter Bruegel, La chute des anges rebelles, 1562, © MRBAB, photo: Grafisch Buro Lefevre, Heule
Derrière le mystère Bruegel.
Les œuvres de Pieter Bruegel l’Ancien, peintes il y a plus de cinq siècles appartiennent au patrimoine mondial de l’humanité. Démultipliées sur des calendriers, des set de tables et bien d’autres supports, elles sont pourtant aujourd’hui plus impénétrables et fascinantes que jamais. Grâce à la précision des technologies numériques du Google Cultural Institute et aux commentaires des plus grands experts de Bruegel, on peut plonger au cœur des plus grands chefs d’œuvres du maître flamand de la Renaissance. Les peintures conservées à Bruxelles mais aussi dans d’autres musées d’Europe dévoilent une part de leur mystère. A voir ici.
Hyperréalisme, Ceci n'est pas un corps 2020, (c) Tempora
Hyperréalisme, le corps miroir.
La copie est plus que parfaite. On regarde ces corps, habillés ou nus, en bronze ou en silicone, comme on se regarde dans un miroir. Partagé entre sidération et admiration. Sont-ils vivants ou simplement en pause ? L’exposition Ceci n’est pas un corps proposée au Musée de La Boverie rassemble une quarantaine d’œuvres d’artistes internationaux qui questionnent notre regard sur le corps. Un corps plus vrai que George Segal, Duane Hanson, Ron Mueck, Maurizio Cattelan, Berlinde De Bruyckere ou Paul McCarthy ont agrandi, sublimé, déformé ou reproduit à l’identique. Visite interactive à 360°. A voir ici.
Les Tulipes, Fernando Segundo de Chomón (c) cinematek
Entre la musique et les images, il n’y a pas à choisir.
La Cinematek conserve et restaure d’innombrables jalon de l’histoire du cinéma belge et mondial. Elle dispose aussi d’une salle spécialement dédiée à la projection de films muets accompagnés par un pianiste. En ces temps de confinement, elle se réinvente en diffusant sur la toile ces séances de cinéma vivant. Chaque jeudi à 15h la page Facebook de la Cinematek s’anime d’un cine-concert live au cours desquels les pianistes Stéphane Orlando ou Hughes Maréchal accompagnent un court métrage muet. En avril, au programme Avant garde à la belge avec Charles de Keukeleire, et Ernst Moerman (16/4), un magicien du muet Fernando Segundo de Chomón (23/4) et Hard Times avec Griffith, Ferdinand Zecca et Lucien Nonguet (30/4). A voir ici.
Musée Horta, photo Paul Louis
Dans les coulisses du Musée Horta.
Installé dans la somptueuse maison personnelle et dans l’atelier de l’architecte, le Musée Horta comble les amateurs d’art nouveau et de beauté tout simplement. Avec son programme Horta@home, le musée propose plusieurs rendez-vous digitaux hebdomadaires avec des contenus inédits. On trouve ainsi des visites à 360° de certaines pièces du musée, des live avec le conservateur, ou des films montrant les coulisses du musée. En bonus, un lundi sur deux à 14h00, les « hort@home for kids », propose la vidéo d’un tutoriel avec des activités pour les enfants, à réaliser à domicile et avec peu de matériel. A voir ici.
Andy Warhol, (c) Tate 2020
Andy Warhol, la construction d’une icône.
La Tate consacre une ambitieuse exposition à la superstar du pop art. En attendant la réouverture de ses salles, le grand musée londonien propose une visite des douze salles de l’exposition en compagnie des deux curateurs. Derrière la célébrité, c’est l’homme qui est mis en avant, son parcours familial, son identité queer et sa fascination de la mort et de la religion. A New York, il est insociable de la Factory, atelier, studio de cinéma et « place to be » de la contre culture. Parmi les nombreuses œuvres montrées, il y a la série Ladies and Gentlemen qui dresse le portrait de la communauté des trans et drag queen qui étaient alors complètement dans l’ombre. Devenu un même, une icône, Warhol s’est construit tout seul à travers ses failles et ses désirs et en absorbant tout ce qui l’entourait. A voir ici.
Matt Mullican, Representing the Work, MAC's 2020, vue d'exposition, Photo Philippe De Gobert
Matt Mullican, organiser le réel.
L’artiste américain est encore peu connu en dehors des amateurs avisés d’art contemporain. L’exposition rassemble quatre décennies de travaux de cet artiste artiste novateur et précurseur de ses premiers pictogrammes à ses célèbres frottages et drapeaux en passant par ses performances sous hypnose et ses diagrammes cosmologiques. Pas de visite virtuelle ou de vidéo au MAC’s, il faudra donc patienter. Les enfants, par contre, sont plutôt gâtés. Chaque semaine, le MAC’s présente une fiche d’activités liée au travail de Matt Mullican, à priori destinées aux enfants. A travers le frottage, le collage, le dessin ou le récit, ce sont des clés pour la transformation du quotidien. A commencer séance tenante. A voir ici.
Lionel Estève, Perlas Tiradas (c) Xippas
Lionel Esteve, la danse des sphères.
Artiste français résidant à Bruxelles, Lionel Estève élabore une œuvre comme un Petit Poucet semant des cailloux de couleur. Une vidéo présente son exposition à la Galerie Xippas de Montevideo. Au centre de l’espace, une imposante sculpture cinétique avec des petites sphères de couleur qui rappellent la structure du chandelier vénitien ou de l’arbre en fleur. Il dialogue avec les dessins perlés de petites pastilles de couleur déposées à la seringue. C’est un travail reposant qui danse devant les yeux. A voir ici.