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©De Greef
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Dark Red Ball, 2007 Technique mixte sur toile 57 cm ©Vincent Everarts, Belgium
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Au doigt et à l’oeil
De Greef x Mouffe

Simon Brunfaut -

L’entrée de l’ espace de la maison De Greef se devine en se balançant sur les pavés de la rue au Beurre. Quelque chose scintille : c’est le charme discret de l’indiscrétion. Le bijoux est indiscret, bien entendu. On sait ça depuis Diderot. Néanmoins, dans le meilleur des cas, il se refuse à être impudique. Le bijou désigne le « vêtement » qui garde le mieux la nudité à l’intérieur tout en l’exposant. La femme le retire pour se coucher, le remet le matin, dans une chambre à demi éclairée, selon un choix qui pique la curiosité tant il semble guidé par des codes inconnus. Etrangement, une femme sait toujours le bijou qu’elle veut porter, tandis qu’elle tergiverse à propos d’un manteau ou d’un pull. La traiter de simple « coquette » en ce cas serait réducteur, puisque la coquetterie est précisément une force, celle de l’indécision, du « peut être », du trouble que la femme jette aux alentours et qui n’est autre que la suggestion des sentiments cachés.

De Greef propose pour la première fois une collaboration entre Arnaud Wittmann, le directeur artistique de la maison, et l’artiste, peintre et sculpteur, Michel Mouffe. A en croire les deux hommes, le lien semble s’être tissé de manière très naturelle. L’art et le savoir-faire y réalise un échange inédit, qui se veut être plus qu’une rencontre. Bien plus qu’un simple dialogue, il s’agit en effet de conjuguer des forces. En soi, l’art a depuis longtemps pris position dans le domaine marchand et commercial, mais, ici, il s’agit manifestement de donner au bijou, outre une forme particulière, une autre manière d’être. On peut y voir le signe d’une entreprise de haute joaillerie se positionnant dans un rapport original à l’art, à la frontière entre le commercial et le non commercial, entre un savoir faire de grande tradition et une audace artistique. On trouvera donc de nombreuses créations où se mêlent deux regards, deux efforts réunis pour atteindre une certaine beauté.

Or les attraits de la beauté relèvent, pour une grande part, du sens de la dissimulation et du détail. Le bijou glisse à l’oreille de qui sait l’entendre les hasards du bonheur, les incertitudes du plaisir, les confusions des corps. Entre les coffres et les boites, la vie des bijoux se déroule aux cotés des visages, tristes et pensifs, remplis d’ardeurs ou de malices. D’autre part, le bijou est le phrasé d’une gestuelle précise. Il détermine une démarche et un maintien, efface un chagrin passager, possède quelques magies animales. Il ajoute un secret à ce qui parait n’être que frivolité, une timide légèreté à une mélancolie qui n’ose pas dire son nom. Quelque fois, on dirait une petite fusée accrochée à une main posée sur un sac dans une rue anodine. Inventant de nouvelles routes entre le cou et le lobe d’une oreille, sous une mèche de cheveux, le bijou convoque les sens et distribue des sonorités aux âmes. A sa vue, des musiques enivrantes rencontrent des Orients lointains et des princesses au noms imprononçables. Rien que le mot d’ »onyx » fait croire à des iles imaginaires ; rien que le nom de Formentera fait penser à d’autres vies sensibles passées à épier les femmes au matin dans des chambres donnant sur la mer.

 

 

Collection de bijoux exclusive composée de bagues, pendentifs et pendants d’oreilles. Cette collection est conçue par Arnaud Wittmann, joaillier de la Maison De Greef et Michel Mouffe, artiste peintre et sculpteur. De 750 à 7200 €, Boutique De Greef,  24 rue au Beurre 1000 Bruxelles, T. +32 (0)2 511 95 98.