end header
Marion Vanrenterghem
Richard Flanagan
Nathalie Azoulai
Paul Veyne
Haruki Murakami

Livres et rencontres
au Chapitre XII

BAZAR -

Chaque semaine, l’univers de Chapitre XII : actualité littéraire, critiques, dédicaces, rencontres… et le journal d’une Femme de Livres par Monique Toussaint.

 

 

Les 5 coups de coeur littéraires de Monique Toussaint :

 

La route étroite vers le nord, Richard Flanagan, éd. Actes Sud, 23€.

Quatre phrases, tirées de ce volumineux roman, pourraient à elles seules résumer le projet de Richard Flanagan : « Un livre peut contenir l’horreur, lui donner forme et sens. Mais dans la vie, l’horreur n’a pas plus de forme que de sens. Elle est là, tout simplement. Et aussi longtemps qu’elle règne, rien dans l’univers ne semble épargné. » Voici l’histoire d’un homme et de milliers d’autres, l’histoire des survivants et des morts, des noms oubliés et des corps à jamais enfouis dans la jungle. (Gilles Heuré /Télérama)

 

Titus n’aimait pas Bérénice, Nathalie Azoulai, éd. P.O.L., 17,90€

La Bérénice de Nathalie Azoulai veut comprendre comment un homme de sa condition, dans son siècle, coincé entre Port-Royal et Versailles, entre le rigorisme janséniste et le faste de Louis XIV, a réussi à écrire des vers aussi justes et puissants sur la passion amoureuse, principalement du point de vue féminin. En un mot, elle ne cesse de se demander comment un homme comme lui peut avoir écrit des choses comme ça. C’est l’intention de ce roman où l’auteur a tout de même pris certaines libertés avec l’exactitude historique et biographique pour pouvoir raconter une histoire qui n’existe nulle part déjà consignée, à savoir celle d’une langue, d’un imaginaire, d’une topographie intime. Ce roman passe certes par les faits et les dates mais ce ne sont que des portes, comme dans un slalom, entre lesquelles, on glane, on imagine, on écrit et qu’on bouscule sans pénalités.

 

Palmyre, Paul Veyne, éd. Albin Michel, 16,25€.

L’historien Paul Veyne ressuscite Palmyre, saccagée en 2015 par Daech, où se sont côtoyés pendant des millénaires les hommes et les dieux. A la barbarie aujourd’hui à l’oeuvre, Paul Veyne répond par un livre dédié à la mémoire de Khaled al-Assaad, directeur des antiquités de Palmyre de 1963 à 2003, décapité par Daech en août 2015. Un livre qui s’adresse au « lecteur honnête homme » et dont Paul Veyne explique le projet : « Malgré mon âge avancé, c’était mon devoir d’ancien professeur et d’être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d’esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre, qu’on ne peut plus désormais connaître qu’à travers les livres. » Qu’est-ce que Palmyre ? Une ville araméenne, arabe, un patchwork de cultures ? Les divinités y sont nombreuses, plus d’une soixantaine dont les noms nous sont parvenus : dieux araméens, mésopotamiens, arabes, perses. Des millénaires de culture et d’histoire que Daech dynamite. « Oui, décidément, écrit Paul Veyne en conclusion de ce livre émouvant et flamboyant, ne vouloir connaître qu’une seule culture, la sienne, c’est se condamner à vivre sous un éteignoir. » (Gilles Heuré / Télérama)

 

L’étrange bibliothèque, Haruki Murakami, éd. Belfond, 19,70€

L’étrange bibliothèque, Murakami nous plonge dans le labyrinthe d’une bibliothèque où le jeune narrateur était simplement venu pour consulter un ouvrage avant de rentrer chez lui retrouver sa mère, à l’heure convenue, pour ne pas qu’elle s’inquiète. Mais le bibliothécaire va le conduire dans quelque sous-sol improbable, où l’attend un très vieux monsieur qui le contraint d’accepter de le suivre dans un gouffre abyssal parce qu’il n’a pas été lui dénicher ces deux livres sur le système de l’impôt en Turquie pour rien ! L’étrange bibliothèque est une plongée dans l’onirisme d’un auteur qui ne cesse de nous émerveiller. (Loïc Di Stefano/ Salon Littéraire)

 

Don Juan du pouvoir, Marion Vanrenterghem, éd. Flammarion, 18€

Séducteur et tueur. Pervers et fascinant. Cynique et charmeur. Franz-Olivier Giesbert reste une énigme. Qui, en effet, peut se targuer de connaître ce grand manitou de la presse soi-disant retiré des affaires ? Insaisissable FOG, qui a toute sa carrière gravité dans les arrière-cuisines du pouvoir. FOGet ses fameux carnets à spirale. FOG le briseur de « off». FOG le journaliste transgressif sans foi ni loi, ses manières de bad boy. Entre Rastignac et Bel Ami. Marion Van Renterghem s’est penchée sur le cas de ce grand fauve médiatique qui se targue de « baiser avec le pouvoir ». Elle l’a scruté, analysé, questionné. Lui, mais aussi ses amis et ses ennemis. A enquêté sur son enfance normande, sa relation au père, sa conquête de Paris, ses règnes successifs au « Nouvel Observateur », au « Figaro », au « Point ». (Alexandre Le Drollec/ L’Obs.)

 

Rendez-vous:

Ce jeudi 14 janvier à 18h30: projecteur sur FOG, Franz Olivier Giesbert. La lumière sera faite par Marion Vanrenterghem, grand reporter au journal le Monde qui a consacré un livre à ce « Don Juan du pouvoir »

Dimanche 24 janvier: plein feu sur Apollinaire

 

Y étiez-vous?

Invité du Chapitre XII Jean-Pierre Orban a donné le 12 janvier un éclairage passionnant sur Véra, le personnage titre de son  roman qui a reçu outre le prix du premier roman en 2014, celui du livre européen 2015 donné par un jury prestigieux présidé par Erri De Luca. Cette petite fille de pauvres émigrants italiens débarqués dans l’Angleterre des années trente, est récupérée dans un premier temps par la propagande fasciste. Elle  voit son père arrêté, à l’instar de milliers d’italiens, sur les ordres de Churchill et sa mère s’enfoncer dans un deuil silencieux. Aux lecteurs du roman, qui, séduits par le formidable  goût de vivre de l’héroïne, s’étonnaient du sombre pessimisme  dans lequel baignait finalement la trame du livre, Jean-Pierre Orban a répondu qu’en tant qu’écrivain, il a été entraîné par son personnage et sa vitalité mais qu’en même temps il était inspiré par le tragique de l’Histoire et de la vie des ces migrants. Tragique qui fait  écho aux migrants d’aujourd’hui.

 

Chapitre XII, 12 avenue des Klauwaerts, 1050 Bruxelles. T.  +32 (0) 2 640 51 09. Tous les jours du mardi au samedi, de 13h à 18h30.