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Feel Good, Thomas Gunzig

Des livres &+
oh, les pauvres !

Anouk Van Gestel -

Chaque vendredi, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres,  réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.

Vous avez aimé 

Le fils du pauvre, Mouloud Feraoun

Vous allez compatir avec Feel good

Alice a 48 ans, de beaux restes, un fils dont le père a décliné la paternité d’un courageux : « c’est toi que cela regarde » et plus de boulot. Alice vient de perdre son emploi de vendeuse dans un magasin de chaussures qu’elle occupait depuis 20 ans. Direction le chômage, l’angoisse, et les ennuis. Alice veut s’en sortir et accumule les petits boulots. Elle accepte tout, les réveils à l’aube, les patrons pénibles, les tâches ingrates. Avec un seul objectif, celui de se sortir de la misère pour offrir un avenir à son fils. Elle est prête à tout, même à planifier un kidnapping. Tom, lui, est un écrivain sans succès qui publie des livres pour une poignées de lecteurs et peu de droits d’auteur. La rencontre de ces deux être désenchantés va produire des étincelles. L’annonce d’un nouveau départ.

L’extrait  

La plupart du temps, elle ne parvenait à gagner que 1000 ou 1200 euros par mois. Suffisamment pour parvenir à payer son loyer mais pas assez pour vivre. Alors elle volait. Voler ne lui posait aucun problème moral. Elle voulait qu’Achille ait ses fruits et ses légumes et sa viande. Elle ne voulait pas qu’il souffre de carences dans les « nutriments essentiels » dont parlaient beaucoup d’articles qu’elle lisait sur Facebook concernant l’alimentation des enfants. Elle voulait qu’il grandisse et qu’il devienne un homme solide et en bonne santé. Elle avait lu un article qui disait que le système immunitaire et le potentiel osseux et musculaire se déterminaient pendant la croissance. Elle ne voulait rien laisser au hasard. Alors elle volait.

Entre les lignes

On connaît Thomas Gunzig pour ses excellentes nouvelles, ses chroniques décoiffantes sur la Une, et pour avoir remporté plusieurs prix littéraires, dont le Triennal du Roman pour Manuel de survie à l’usage des incapables. Pour cette rentrée littéraire, il revient avec un roman qui raconte le quotidien des gagne-petit, des gens pour qui les fins de mois débutent après le paiement de leur loyer. Une satire sociale décrite avec humour et talent. Après l’avoir refermé, on se sent bien. Un feel good book donc ? Oui, mais qui prend le contrepied du genre. Un tour de force. Chapeau bas, Monsieur Gunzig !

 

Feel good, Thomas Gunzig, Ed. Au diable vauvert, 20 €.

 

Disponible sur BAZAR e-SHOP.