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Galipettes et handicap

Didier Dillen -

La plupart des gens voient les handicapés comme des anges, voire des indésirables *. Et les anges n’ont pas de sexe, c’est bien connu. Et pas de vie sexuelle par la même occasion. Les handicapés sont pourtant des femmes et des hommes comme les autres. Avec les mêmes besoins de tendresse, mais aussi les mêmes envies coquines, le même désir de caresser et d’être caressés, les mêmes fantasmes, plus éventuellement quelques autres en prime ! Mais voilà, la sexualité des personnes handicapées fait encore partie de ces tabous difficiles à abattre.

Handi-drague

À tort. Car le handicap, s’il complique souvent les choses, n’empêche pas nécessairement de ressentir ou de donner du plaisir, d’éprouver un orgasme ou, chez les femmes, de mener à bien une grossesse. Moins centrés sur leur pénis et leur érection, plus attentifs au plaisir de leur partenaire, certains hommes handicapés deviennent même de sacrés amants ! Bien des couples mixtes connaissent aussi une sexualité heureuse et épanouie. Bref, le handicap n’empêche pas le bonheur, même au lit. Évidemment, dans une société qui place la perfection physique comme l’ultime critère de séduction, le handicapé moyen a du mal à se voir comme une bombe sexuelle. Et pour se sentir désirable, il faut aussi être désiré dans les yeux de l’autre. Or, il est aussi difficile, quand on se trimballe en fauteuil roulant, de bien faire valoir sa taille de guêpe ou sa carrure d’athlète. Il faut faire jouer d’autres atouts. Difficile également de faire des rencontres quand les lieux où l’on drague vous sont tout simplement inaccessibles. Dans ce domaine, Internet a cependant un peu changé la donne. Il existe même des sites qui permettent aux handicapés ou aux valides des deux sexes de se rencontrer, de chatter et plus si affinités.

Le Kama Sutra du tétra

Avoir une vie sexuelle épanouie et même torride, (ou la découvrir pour les plus jeunes), c’est donc parfaitement possible quand on est handicapé. Même si ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il n’est cependant pas toujours possible de retrouver une vie sexuelle comme avant. Cette sexualité, il faudra probablement la reconstruire, découvrir de nouvelles sensations, de nouvelles positions, d’autres caresses… La pénétration, par exemple, ne sera pas toujours envisageable, pour cause de troubles de l’érection. Mais elle est rarement la seule forme de plaisir, bien au contraire. En cas de handicap, les préliminaires seront très importants aussi. En matière de sexe, imagination et fantaisie restent d’ailleurs les meilleurs atouts des couples qu’ils soient valides ou non. Côté positions par exemple, le choix est plus vaste qu’on ne le pense, même en cas de handicap très lourd. Assis, couché, accroupi, en chien de fusil, agenouillé… le Kama Sutra du tétraplégique n’a presque rien à envier à son équivalent pour valides ! Même l’incontinence, source bien compréhensible de gène, et surtout première cause d’abstinence sexuelle chez les personnes handicapées, n’est pas un obstacle. Quelques précautions simples suffisent généralement pour éviter les fuites. Désir, tendresse et dialogue font le reste. Certains coups de pouce et astuces (médicaments, lubrifiants, prothèses péniennes, injections intracaverneuses, massages tantriques…) permettront parfois aussi aux personnes handicapées de retrouver le chemin du 7e ciel… sur deux pieds ou quatre roues !

Aide-toi et le sexe t’aidera

Les sex-toys, ce n’est pas que pour les valides. Les personnes handicapées peuvent aussi les utiliser pour pimenter leurs ébats amoureux ou solitaires. La plupart de ces jouets qui font du bien sont strictement identiques aux modèles utilisés par les valides. Mais certains peuvent être plus adaptés que d’autres, notamment les modèles mains libres, qui tiennent facilement sur la main ou les doigts. Certaines aides techniques ont enfin été spécifiquement développées pour permettre à leurs utilisateurs et utilisatrices de vivre une vie sexuelle plus épanouie, malgré le handicap. C’est le cas des bien nommés IntimateRider ou Handylover. Ce dernier se présente comme une sorteur de rameur de salon portable et réglable, qui facilite les mouvements de va-et-vient avec un minimum d’efforts, soulage le poids du corps et redonne la possibilité de varier les configurations et les plaisirs amoureux ou de s’adonner à la masturbation en solo grâce à divers accessoires ! L’intervention d’un tiers reste parfois nécessaire.

Profession : assistant sexuel

Tous les handicapés n’ont pas la chance de rencontrer l’âme sœur ou d’avoir des partenaires sexuels plus ou moins réguliers. Une solution ? Le recours aux services d’un tiers pour des jeux sensuels, des caresses, massages, tendresse, masturbation et parfois relations sexuelles complètes. C’est ce que l’on appelle l’assistance sexuelle. Celle-ci est en principe prodiguée par des personnes spécialement formées, parfois bénévoles, parfois non. Elle ne bénéficie cependant pas d’un cadre officiel, du moins en Belgique. Forme de prostitution déguisée ou reconnaissance du droit universel de chacun à avoir une vie intime ? Le débat n’est pas clos. En 2017, le Comité consultatif de bioéthique belge estimait tout de même que l’assistance sexuelle peut constituer une des réponses pertinentes aux discriminations que rencontrent les personnes handicapées dans leur vie sexuelle.

*Qui est par ailleurs le titre d’un film sur l’accompagnement sexuel des personnes handicapées.

Pour en savoir plus

Plus d’anecdotes dans le livre Les Erotiques de l’histoire, Didier Dillen, éditions Jourdan, 15,90 €. Disponible sur notre BAZAR e-SHOP

Lisez aussi L’histoire amoureuse des Belges, Didier Dillen, La boite à pandore, 17,90 €. Disponible sur notre BAZAR e-SHOP.

 

Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

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