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Buisson ardent

Didier Dillen -

On les rase, on les taille, on le laisse au naturel, on les teints parfois. On croit les connaître, et pourtant. Les poils pubiens cachent bien des secrets !

Densité élevée

On s’en doutait un peu, le pubis affiche une pilosité assez élevée : 20 poils par cm² pour être précis. C’est deux fois plus que sur le reste du corps ! L’endroit le plus pileux de notre anatomie est cependant le visage, avec 50 poils par cm². Ce qui peut faire dire à certains que pubis et face sont faits pour s’entendre ! Ou du moins se rapprocher.

Tablier de sapeur

Si l’on se réfère à leur anatomie, les poils, pubiens ou non, sont des cheveux comme les autres. Comme ces derniers, ils sont composés de kératine, sont pourvus d’un follicule pileux, d’une glande sébacée destinée à les lubrifier. Comme les cheveux encore, les poils passent par trois phases : croissance, régression, stagnation. Cette dernière phase aboutit à la mort du poil et à sa chute, indifféremment sur une savonnette ou sur le rebord de la cuvette des WC ! Mais à l’inverse des cheveux, dont la phase de croissance dure de deux à cinq ans, les poils du pubis ne poussent que durant quelques semaines, à raison de 0,4 mm par jour. Raison pour laquelle ils ne transforment pas le bas-ventre en moquette extra longue. Et c’est préférable quand on pense à la quantité de cheveux qui peut s’accumuler dans un salon de coiffure après une coupe en règle. Certains cas de pilosité envahissante (hypertrichose) du pubis sont cependant recensés.

Unité pifométrique

Un autre aspect fascinant des poils pubiens est leur texture et leur composition inhabituelles par rapport à notre pilosité corporelle ou nos cheveux. Ils sont en général plus épais que les poils de nos aisselles, de nos jambes, ou que la moumoute qui garnit la poitrine ou le dos de certains messieurs. Ce diamètre plus imposant n’empêche pas la pilosité intime de servir d’unité de mesure pifométrique pour déterminer une « incertitude proche de zéro ». C’est le fameux poil de Q !

Extensions pubiennes

Là où certains se font poser des extensions capillaires, d’autres ont recours à des postiches d’une tout autre nature. C’est le cas notamment en Corée, où la toison intime revêt une importance telle que certaines femmes ont aujourd’hui recours à des implants pubiens pour donner ou redonner volume et densité à cette partie de leur anatomie. Dans les pays asiatiques comme la Corée par exemple, les poils pubiens sont connotés à la maturité sexuelle et la fertilité. Non seulement les femmes ne s’y rasent-elles pas le minou, mais il est apparemment courant qu’elles s’inquiètent de ne pas l’avoir assez fourni. Notamment lorsqu’elles se rendent aux bains publics en compagnie d’autres femmes. Pour ne rien arranger, de nombreuses Coréennes sont atteintes d’atrichose ou d’hypotrichose. Cette forme d’alopécie d’origine génétique, qui touche quelque 10% de la population féminine, se caractérise par une raréfaction ou une chute de la toison pubienne. Seul traitement définitif connu, la greffe de poils ! Cette technique relativement récente connaît une progression spectaculaire. Entre 2010 et 2012, et selon des chiffres de la Société internationale de chirurgie de restauration capillaire, le nombre d’interventions de ce type aurait crû de 160 % en Asie. Mais d’où viennent donc les poils ainsi greffés ? Non pas de la face sud. Mais plus généralement d’autres parties du corps telle la poitrine, les aisselles, les jambes, les bras et parfois le crâne.

Puberté très précoce

Le pubis se garnit en général de poils visibles à partir de la puberté. Ce gazon intime se développe en principe en cinq stades progressifs, selon une échelle de mesure dite « échelle de Tanner », qui va d’un duvet très fin à une pilosité de plus en plus épaisse, bouclée et étendue. Mais il arrive que l’apparition de poils pubiens soit vraiment très précoce. Une revue médicale de 2007, relate le cas d’un bébé chez qui ses parents ont eu la surprise de voir apparaître une légère touffe de poils clairs dès l’âge de six mois. À seize mois, la pilosité de l’enfant s’approchait de celle d’un adulte et était accompagnée d’un pénis étrangement gros pour cet âge, et de fréquentes érections ! À l’analyse, il s’est avéré que le père câlinait son fils après s’être appliqué sur le corps un gel à la testostérone qui lui avait été prescrit contre une libido défaillante. Les poils pubiens du bébé ont fini par disparaître peu après ce diagnostic.

Homo sapiens pubiens

Curieux paradoxe. Là où l’être humain n’affiche, le plus souvent, qu’un léger duvet sur son anatomie mais présente par contre une pilosité pubienne foisonnante, nos cousins les singes sont équipés de façon inverse : système pileux largement visible sur le corps, mais zones stratégiques plutôt dégarnies. Pourquoi, à rebours des autres primates, avons-nous hérité d’une jungle sous l’abdomen, alors que même que notre pilosité corporelle s’est rapetissée, au point de devenir, parfois quasi invisible ? Il n’existe pour l’instant aucune explication à cette énigme de l’évolution. Plusieurs hypothèses sur la présence de cette toison génitale fournie ont cependant été émises.

Attracteurs érotiques

Nos poils pubiens pourraient ainsi agir comme de véritables pièges à phéromones. Chez de nombreux animaux, ces molécules « odorantes » signalent la disponibilité sexuelle entre partenaires potentiels. Chez l’être humain, elles pourraient contribuer à l’excitation sexuelle. De fait, notre buisson d’en bas a justement comme particularité d’apparaître au moment de la puberté. Et il se trouve que la zone comprise entre l’anus et les parties génitales est riche en glandes apocrines. Ce type de glande sudoripare impliqué dans la libération de phéromones sexuelles chez de nombreux mammifères a pour particul…arité de voir sa taille augmenter et de devenir active pendant la puberté, précisément la période où l’on voit les poils pubiens apparaître. Ceci pourrait laisser supposer une fonction similaire à celle constatée chez d’autres mammifères. A ceci près que le rôle des phéromones et même leur éventuelle existence chez l’homme fait l’objet de controverses.

Amortisseurs sexuels

D’autres chercheurs estiment que notre pilosité intime sert plutôt à protéger la vulve des poussières et particules indésirables, comme le font les poils du nez ou les cils et les sourcils pour les yeux. Ils contribuent peut-être aussi à maintenir les organes génitaux des deux sexes bien au chaud ou au frais ! Ce qui est après tout un des principaux rôles des poils. Cependant, si ces deux théories étaient exactes, font remarquer d’autres, la tige du pénis et les testicules des messieurs devraient également être bien plus velus qu’ils ne le sont en réalité. Il devrait en être de même du ventre des femmes, de manière à isoler leurs organes reproducteurs internes. On imagine sans peine le tableau. Pas du tout, disent encore d’autres experts, qui estiment que poils de zob et de chatte servent plutôt à amortir l’effet des coups de reins et des frictions lors des relations sexuelles ! À moins qu’ils ne maximisent les sensations et contacts sensuels, à la manière des vibrisses des chats.

Des poils vieux de 3,5 millions d’années

Si l’on ne connaît pas, encore, la raison pour laquelle nous affichons une touffe sous le nombril, on peut grossièrement estimer la période à partir de laquelle nous avons commencé à afficher ce type de pilosité. Pour y arriver, des scientifiques ont eu l’idée d’étudier la généalogie d’une espèce d’insecte peu ragoûtante : le pou ! Comme tous les parasites, cet insecte sans ailes a co-évolué avec ses hôtes jusqu’à s’adapter à eux. C’est ainsi que le pou du gorille diffère de ceux que l’on trouve aujourd’hui chez les humains, comme il s’éloigne de ceux qui colonisent les chimpanzés. Gorilles d’une part et chimpanzés et hommes d’autre part, étant séparés par deux lignées évolutives différentes. De même, les poux qui batifolent aujourd’hui sur nos têtes (Pediculus humanus capitis) ont vraisemblablement divergé de ceux des chimpanzés modernes, à peu près au moment où nous nous sommes éloignés de nos cousins singes. Soit il y a six millions d’années environ. Longtemps, ces poux ont survécu en ne colonisant que notre chevelure, à défaut de pouvoir s’étendre à d’autres parties du corps trop lisses. L’invention des vêtements, entre 80 000 et 175 000 ans, leur à ouvert la voie vers le reste de notre anatomie et a permis de donner naissance au pou du corps (Pediculus humanus humanus). Quid alors de la généalogie du morpion ou pou du pubis (Phtirus pubis) ? En se basant sur sa morphologie, ces scientifiques se sont aperçus qu’il était très proche de celui qui s’épanouit dans les poils rugueux du… gorille ! Les données suggèrent que ce parasite a commencé à diverger du pou du gorille, il y a de cela 3,3 millions d’années ! Déjà adapté à rude pilosité de ce grand singe, le morbaque aurait trouvé dans nos poils pubiens une niche écologique des plus adaptées.

Perruques intimes

Curieusement, la mode des pubis rasés pourrait mettre la survie du morpion à rude épreuve. Il semble que certains hôpitaux constatent déjà une baisse des infestations de pou du pubis. Rien de nouveau cependant. Au Moyen Âge, les prostituées avaient pour habitude de se raser les parties intimes, pour se préserver de ces hôtes encombrants. Elles remplaçait alors leur toison par une perruque pubienne ! De tels postiches intimes sont encore vendus aujourd’hui.

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Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

 

Illustration TaraM instagram @taramorph