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Climat, sexe et pollution

Didier Dillen -

Natalité en berne, virilité défaillante, sperme faiblard, la pollution et le changement climatique pourraient bien potentiellement affecter notre sexualité. C’est en tout cas ce que pensent certains scientifiques.

Une fertilité moins chaude que le climat

Les périodes caniculaires devraient devenir la norme dans les décennies à venir, si rien n’est fait pour contrer les effets du réchauffement climatique. Mais si les étés sont appelés à devenir plus torrides, la température sous la couette pourrait se révéler un chouïa plus fraîche. Du moins pour les couples qui désirent concevoir un bébé. C’est en tout cas l’hypothèse de trois chercheurs américains de l’Université de Californie dirigée par le spécialiste en économie environnementale, Alan Barreca. Ces chercheurs se sont posé la question de savoir dans quelle mesure des changements environnementaux importants pouvaient avoir un impact sur les taux de natalité. Une question que le célèbre Darwin se posait déjà en son temps. Pour ce faire, ils ont analysé les données concernant la natalité et la météo aux États-Unis, sur une période couvrant tout de même 80 ans (de 1931 à 2010). Cette approche pour le moins novatrice leur a permis de dresser un constat un peu inquiétant. Aux États-Unis, les journées chaudes ont eu des répercussions importantes et statistiquement significatives sur la dynamique des taux de natalité. Les chercheurs ont constaté que les jours où la température dépassait de façon inhabituelle les 26°C (80°F) étaient associés à une forte baisse des taux de natalité environ huit à dix mois plus tard ! Cette chute était heureusement suivie d’un rebond des taux de natalité onze, douze et treize mois plus tard, selon un phénomène de rattrapage bien connu des démographes (cf. le Baby Boom). Mais seulement un rebond partiel !

Plus de sexe, moins d’enfants

Selon Alan Barreca, ce n’est pas tant que les couples s’envoient moins en l’air lorsqu’il fait très chaud. Ce serait même plutôt l’inverse au vu des données non publiées dont il dispose. Non, le problème est que les pics de chaleur affectent peut-être la fertilité de ces messieurs. Des études ont en tout cas montré que températures élevées et qualité du sperme ne font pas bon ménage. Que faut-il en conclure ? Premièrement, que l’augmentation prévue des températures pourrait réduire la croissance démographique au pays de Donald Trump. Les chercheurs prévoient une baisse de 2,6 % des naissances états-uniennes. Soit tout de même plus ou moins 107 000 naissances par an ! Les changements climatiques pourraient ainsi exacerber des taux de natalité déjà inférieurs au taux de renouvellement, dans ce pays comme dans d’autres, estiment ces chercheurs. Ce qui pourrait avoir d’importantes répercussions sur la viabilité des programmes sociaux, comme la Sécurité sociale, par exemple. Les estimations historiques recueillies par ces scientifiques donnent aussi à penser que les changements climatiques pourraient avoir des répercussions encore plus importantes dans les pays en développement. Deuxièmement, le décalage des conceptions entraîné par les changements climatiques pourraient également accroître la proportion des naissances estivales. Ce qui pourrait, à son tour, avoir des répercussions sur la santé des fœtus et des nourrissons soumis à des températures élevées. Les couples en mal de progéniture devront-ils climatiser le lieu de leurs ébats amoureux ? C’est en tout cas ce que suggèrent ces chercheurs !

Particules fines et chromosome Y

Le contenu des bourses masculines n’est cependant peut-être pas au bout de ses peines. Plusieurs études récentes montrent en effet que l’exposition paternelle à la pollution atmosphérique pourrait avoir un effet délétère sur certains paramètres du sperme ! La question reste controversée. Tout récemment, une équipe polonaise a toutefois observé une réduction significative de la proportion de spermatozoïdes porteurs de chromosomes Y/X (masculins) chez les hommes exposés aux particules fines (PM10, PM 2.5). En raison de données limitées, ces chercheurs préfèrent demander des études complémentaires plus larges. Mais si leurs constatations s’avéraient exactes, la pollution de l’air pourrait affecter la proportion d’hommes et de femmes à la naissance au sein de la population. Or ce sex-ratio est déjà bien déséquilibrée en défaveur des hommes dans certains pays (c’est l’inverse notamment en Chine et en Inde).

Débandade automobile

Mais les menaces potentielles de la pollution sur la sexualité ne viennent apparemment jamais seules. Prenez la pollution lumineuse. En perturbant la production de mélatonine, elle est suspectée avoir un impact négatif sur notre libido. Et une autre étude toute récente laisse pour la première fois supposer que la pollution automobile pourrait déboucher sur des problèmes d’érection ! Du moins chez le rat. Dans cette étude chinoise, avec groupe témoin, des rongeurs ont été soumis à des gaz d’échappement pour des durées allant de deux à six heures, pendant trois mois consécutifs. Au bout du compte, les chercheurs ont constaté une détérioration significative de la fonction érectile des bestioles les plus exposées. On n’en est évidemment pas encore à pouvoir extrapoler ces données à l’homme. Mais ces premiers résultats, même s’ils ne reflètent pas nécessairement une exposition réelle à la pollution automobile, soulèvent tout de même quelques inquiétudes dans les braguettes. Le salut des zizis pourrait là aussi venir de la voiture électrique !

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Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

 

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