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L’économie sous la couette

Didier Dillen -

Polygamie, orgasmes, fellation… rien n’échappe désormais au regard des économistes. Cela donne souvent des résultats assez étranges, mais pas dénués d’intérêt. Découvrez comment l’économie introduit la loi de l’offre et la demande sous notre couette 

 

Rapports chiffrés

Indice Nikkei, introduction en bourse, zone de libre-échange… le jargon économique abonde de sous-entendus coquins. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si les économistes s’intéressent désormais aussi à ce qui se passe sous notre couette. Et comme on ne se refait pas, les notions qu’ils appliquent sont celles qu’ils utilisent d’habitude, à savoir les lois de l’offre et de la demande, les analyses coût-bénéfices etc. !

OPA sur le sexe

Des économistes distingués ont ainsi voulu calculer l’opportunité qu’il y avait à conclure un mariage en fonction des économies d’échelle que cela pouvait susciter dans la production domestique ! D’autres ont comparé le fonctionnement d’une famille à celui des entreprises. L’analogie fonctionne apparemment jusqu’à un certain point. Comme toute société qui se respecte, une famille tend à vouloir maximiser son profit, en l’occurrence, la satisfaction de ses membres. Mais à la différence d’une multinationale, la propriété d’une famille n’est pas dispersée entre une multitude d’actionnaires. Il n’existe pas, par exemple, un marché boursier où une maîtresse pratiquerait une OPA sur le mari d’une autre femme ! Le même type de problème se pose avec le mariage, si on considère qu’il suit les règles du marché. Dans nos sociétés occidentales, on peut avoir plusieurs fournisseurs de biens et services, engager plusieurs employés, mais dans le cadre du mariage, un seul type de contrat est pour l’instant envisageable : la monogamie.

L’économie de la séduction

Pourtant, estiment certains chercheurs en économie, la polygamie pourrait bien avoir des avantages, du moins pour les femmes. Si au lieu d’un marché du mariage entièrement monogame, une partie des femmes choisissaient (volontairement) d’être l’épouse d’un polygame, le nombre de conjointes potentielles sur le marché serait en forte diminution, alors que le nombre d’hommes souhaitant se marier ne diminuerait quasiment pas ! Et que se passe-t-il quand l’offre est rare et la demande abondante ? Bingo, les prix augmentent ! Dans une société libérale ouverte à la polygamie, les hommes devraient donc, selon cette vision de l’économie, faire plus d’efforts pour séduire des femmes célibataires devenues très difficiles. Ils devraient par exemple, mieux partager les tâches ménagères ou offrir de plus gros bouquets à la Saint-Valentin. Et en cas de polyandrie ? Ce serait exactement l’inverse ! Décoiffant, n’est-ce pas ?

Fellation et analyse de coût

Et vous n’avez encore rien vu. L’économiste Steven Landsburg estime par exemple que le meilleur moyen de lutter contre l’épidémie de sida consiste à dévergonder pudibonds et bégueules ! Son raisonnement est le suivant. Ceux qui s’envoient en l’air avec parcimonie voire pas du tout, ont en général l’avantage de ne pas avoir contracté la maladie. En accroissant, un peu, leur activité séductrice, on pourrait augmenter, dit-il, la part de sujets sains sur le marché des rencontres, et limiter ainsi le risque de chacun de contracter le sida ! Dans la même veine, Tim Harford a analysé la pratique de la fellation, en augmentation chez les ados américains depuis les années 90. Là encore, son explication est économique : l’objectif d’un adolescent est d’obtenir du sexe au moindre prix. Mais avec l’émergence du sida, le prix d’un coït classique non protégé est bien plus élevé que celui de la turlute. Alors pourquoi payer plus cher si on peut avoir à peu près la même chose à moindre coût !

Plus d’égalité plus de sexe !

On l’a vu, pour les tenant de cette économie du coït, le sexe est régi par les lois de l’offre et de la demande, mais aussi, estiment-ils, par un principe vieux comme le monde : les hommes proposent (souvent), les femmes disposent. Cela fait du sexe une denrée relativement rare et chère pour laquelle les hommes sont prêts à investir, notamment en matière de mariage. Mais les pays où les hommes et les femmes sont les plus égaux sont aussi ceux où on fait le plus l’amour, avance une très vaste étude américaine. Les tenants de l’économie appliquée à la sexualité ont là aussi une explication : plus les femmes sont autonomes financièrement, moins elles ont de raisons de faire du sexe une monnaie d’échange et plus elles sont disposées à s’envoyer en l’air.

A lire : Sexe drogue… et économie ! Alexandre Delaigue – Stéphane Ménia. Éd. Pearson. 19 €.

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Lisez aussi L’histoire amoureuse des Belges, Didier Dillen, éditions Jourdan, 17,90 €. Disponible sur notre Bazar Store.

Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

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