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L’empire des cendres

Didier Dillen -

Cigarette, volupté et petites pépées ! La clope a longtemps été vue comme une forme d’attribut érotique voire phallique. Elle l’est encore parfois. La faute à qui ? À la pub, aux marchands de tabac et à Hollywood ! Découvrez la fesse cachée et peu reluisante des publicités pour le tabac…

L’empire des cendres

Il fut un temps, pas si éloigné, où la pub pour le tabac osait tout. C’est même à ça qu’on la reconnaissait ! Et parmi les ressorts les plus souvent exploités pour promouvoir l’herbe à Nicot figurait bien évidemment le sexe. L’un des plus anciens nus publicitaires connus, tout de même daté de 1871, servira par exemple à faire la retape pour un fabricant de tabac américain. Quatre ans plus tard, et toujours aux USA, la marque Duke est la première à offrir des cartes à collectionner avec ses cigarettes. Et que représentent ces vignettes ? Des joueurs de base-ball version XIXe siècle  ? Pas du tout, des photos noir et blanc de starlettes en tenue légère ! Du moins pour l’époque. Cette audace commerciale n’est sans doute pour rien dans le succès de la marque. Dès 1890, elle devient leader sur le marché américain. Son exemple va d’ailleurs faire des petits. Le chromo publicitaire à collectionner représentant jolies filles ou vedettes de cinéma, devient un grand classique de la pub pour le tabac. Les séries érotiques ne sont pas rares. Elles ont même beaucoup de succès. Des milliers d’images de ce genre circuleront des années durant au Mexique, en Espagne ou en Angleterre. On ira même jusqu’à créer des catalogues pour les collectionner !

Torches de la liberté

Mais le tabac reste à cette époque réservé aux mâles, aux vrais. Les femmes qui fument ostensiblement sont même assez mal vues. Ça ne fait évidemment pas l’affaire des cigarettiers. La pub va changer tout ça. En faisant de la cigarette un attribut de l’érotisme féminin d’abord. En la faisant passer pour un symbole de la libération des femmes ensuite ! L’idée vient du fameux Edward Bernays, considéré comme le père du lobbying et des relations publiques. Il travaillera entre autres pour Chesterfield et l’American Tobacco Company, qui regroupe alors la plupart des grandes marques de cigarettes américaines. En 1929, il organise à New York un défilé de jolies femmes fumant ce qu’il nomme les Torches de la liberté. L’effet est retentissant. Les photos font le tour du monde. Le tabac devient le produit qui rend les hommes plus virils et les femmes plus séduisantes et indépendantes.

Écran de fumée

Les cigarettiers ne sont toutefois pas les seuls à miser sur le potentiel suggestif de la clope. Le cinéma y a aussi abondamment recours. Parfois à l’instigation des premiers nommés d’ailleurs. A l’écran, la cibiche sert autant à entamer une relation qu’à terminer une mémorable partie de jambes en l’air ! C’est le cinéma qui popularise la cigarette post-coïtale comme une métaphore bien commode de ce qui vient de se passer. Le public ne voit rien des scènes de sexe, mais il peut toujours les imaginer. C’est le cinéma encore qui fera du fume-cigarette ce must phallique de l’érotisme qui séduit toujours aujourd’hui. Marlene Dietrich, Rita Hayworth ou encore Audrey Hepburn, sur la fameuse affiche de Diamants sur canapé, s’en feront les torrides ambassadrices.

Fume, c’est du sexe !

Ces mêmes vedettes, ou d’autres, n’hésitent pas non plus à passer des écrans aux panneaux publicitaires pour vanter les supposés mérites du tabac. En 1952, Marilyn Monroe apparaît ainsi dans un une affriolante et arachnéenne nuisette de dentelle noire au bénéfice de la marque Diplomat. Au fil des années, les allusions sexuelles de la publicité pour le tabac se font d’ailleurs de moins en moins voilées. Comme cette pub de 1969 pour les cigarillos Tipalet, où l’on voit un bellâtre souffler sa fumée au visage d’une pulpeuse brune aux lèvres lascivement ouvertes. Le slogan, Blow in her face and sh’ell follow you anywhere (*), prend plus de sens encore lorsqu’on sait qu’une fellation se dit blow job en argot américain ! La marque sera d’ailleurs coutumière des allusions faites sous la ceinture. Un des ses autres slogans proclamait : Pourquoi ne viendriez-vous pas me chercher et me fumer un de ces jours !

Éros, un fumeur de Havane ?

On a longtemps prêté au tabac des vertus aphrodisiaques. Il n’en est rien. C’est même tout le contraire. La plupart des études montrent l’impact négatif du tabac sur l’excitation sexuelle et plus particulièrement sur l’érection et la lubrification. Il semblerait même qu’une seule cigarette puisse avoir un impact immédiat et significatif sur la capacité érectile ! Selon une autre étude, les couples dont l’homme fume plus de trente cigarettes par jour font en moyenne deux fois moins l’amour que les autres. Leur satisfaction sexuelle est également moindre et leur pénis, lorsqu’il est en en érection, est en général plus petit !  Des raisons supplémentaires de délaisser la clope au profit, par exemple, d’autres activités buccales plus récréatives !

(*) Soufflez-lui au visage et elle vous suivra partout.

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Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

 

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