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puissance électrique

Didier Dillen -

Peut-on faire des étincelles avec son sexe ? Au figuré sans doute, mais au propre également. Traitement contre l’impuissance, la dysfonction sexuelle féminine, électro-stimulation des organes génitaux, découvrez l’histoire et les mystères de l’électro-sexe avec notre expert Didier Dillen sur #BazarMagazin illu TaraM Editions Jourdan

 

Puissance électrique

Au XIXe siècle, l’électricité fascine et intrigue. Ses applications paraissent infinies. L’électrothérapie connaît par exemple un engouement enthousiaste. On se sert de ces nouvelles technologies que sont les piles électriques, les machines à induction, les bobines, accumulateurs, dynamos, pour traiter la surdité, la constipation, les maladies nerveuses, l’hémiplégie, la sciatique, la gonorrhée, les rhumatismes, ou réanimer les noyés et les asphyxiés ! Des médecins ont aussi recours à l’électrothérapie pour tenter de soigner l’impuissance masculine. On prête à l’électricité des vertus tonifiantes, stimulantes, revitalisantes. Elle est supposée apporter aux organes les forces qui leur font défaut. Les affligés de la zigounette se voient donc proposer des « bains galvaniques ». Plongés dans une baignoire où circule un léger courant continu, ils sont supposés être guéris de leur affection débilitante en six séances à peine !

Une électrode dans l’urètre !

Chez d’autres, on préfère appliquer du courant faradique (variable) à même la peau. C’est le cas d’un patient traité pour impuissance à l’hôpital Necker à la fin du XIXe siècle.   Le nommé J. G., 33 ans, est atteint depuis 11 mois d’une impuissance absolue survenue à la suite d’excès de coïts. Du moins c’est à cette cause qu’il attribue son impuissance qui se manifesta brusquement , relate par exemple le Dr. Léon Danion, dans un traité d’électro-thérapie de la même époque. Tous les moyens usités sans exception ont été mis en oeuvre pour vaincre cette impuissance qui est restée absolue. A la suite de 2 applications faradiques recto-lombaires faites le 11 et le 13 juin 1891, la fonction fut rétablie. Il ne fut fait que cinq applications en tout et cependant six-mois après le rétablissement persistait intact . D’autres carabins encore ne jurent que par l’application directe d’électricité sur les organes concernés : périnée, pénis et testicules. Et cela au moyen d’éponges munies d’électrodes. On conseille aussi aux messieurs à la quéquette en berne de tremper leur service trois-pièces dans des bassines parcourues d’un courant galvanique. Certains audacieux médecins vont même jusqu’à insérer une des électrodes dans l’urètre de leur patient ! Le voltage utilisé à cette occasion est heureusement assez bas, mais le traitement dure tout de même de cinq à huit minutes. Il doit de surcroît être répété deux fois par semaine.

Ceinture électrique

Une partie de ces cures électriques se fait dans le cadre médical. Mais on voit apparaître au début du XXe siècle les premières applications grand public de l’électrothérapie. C’est le cas des ceintures électriques, qui naissent aux États-Unis dès les années 1890. Les ceintures en question étaient ajustées au corps et munies de piles, qu’il fallait parfois au préalable plonger dans du vinaigre, et d’électrodes. Leur puissance devait probablement être très faible. Sans parler de leur efficacité, probablement inexistante. Ce qui n’empêche pas leurs concepteurs de les présenter comme de véritables panacées, un « pur remède de la nature » ! Parmi la longue liste de maladies qu’elles sont présumées guérir, celles qui se rapportent aux organes génitaux et aux fonctions sexuelles sont sans doute les plus nombreuses. On parle de porter remède aux désordre du système de procréation, aux écoulements divers, à l’inévitable onanisme, aux excès vicieux, faiblesses sexuelles, perte des facultés viriles et on en passe. Des douzaines de modèles verront le jour. Leurs publicités tapageuses se retrouveront quotidiennement dans la plupart des grands journaux américains et canadiens.

Électro-stimulation érotique

L’e-stim, ou électro-stimulation érotique, est le dernier avatar en date de cette forme d’électro-thérapie olé-olé. Le genre a pour précurseur un appareil connu sous le nom de « Relax-A-Cizor ». Commercialisé dans les années 50, il se présentait comme un banal dispositif de musculation passive et de perte de poids. Il sera très vite détourné pour un usage nettement plus intime, mais finira cependant par être interdit vu les risques qu’il faisait courir à ses utilisateurs. Il faut attendre les années 80 pour voir apparaître des dispositifs plus sûrs et spécifiquement conçus pour l’électro-stimulation érotique. Différents modèles sont depuis lors disponibles : électro-godes, plugs anaux, pinces à mamelons, anneaux péniens ou cathéters ! On peut les diviser en gros entre ceux qui s’utilisent sur la peau, et ceux qui s’introduisent dans différents… orifices. Les premiers agissent par stimulation électronique des muscles (EMS) et les seconds par stimulation électrique transcutanée des nerfs (TENS). L’amplitude, la vitesse et l’intensité des impulsions électriques, sont le plus souvent modulables. Au dire des utilisateurs et utilisatrices, ce genre d’électro-titillation produit une large gamme de sensations, qui peut aller du picotement agréable et chaud, à des perceptions plus intenses et ciblées, pouvant mener jusqu’à l’orgasme, voire démultiplier celui-ci. Certains peuvent aussi trouver ces sensations douloureuses. Il est également déconseillé d’utiliser certains de ces dispositifs au-dessus de la ceinture, leurs impulsions électriques pouvant notamment interférer avec la fréquence cardiaque !  D’une manière générale, respectez toujours les consignes du fabricant.

Neurostimulation contre dysfonction sexuelle

Les progrès de la bio-électro…nique aidant, les espoirs déçus des malheureux sous-voltés de la braguette sont peut-être en passe de devenir réalité. Du moins en partie. Il ne s’agit plus, cette fois, de brancher des pénis directement sur le secteur, mais bien de s’aider de micro-électrodes pour stimuler certains organes cibles. Lesquels ? Non pas la bistouquette, mais notamment la vessie, en cas d’incontinence urinaire. On parle de neuromodulation sacrée, par référence aux nerfs du sacrum. Les médecins ont recours à cette méthode lorsque les autres traitements (techniques comportementales, médicaments) ne donnent pas satisfaction. Elle fait intervenir un petit neurostimulateur de type pacemaker implanté sous la peau des fesses, une électrode qui véhicule de faibles impulsions électriques jusqu’au nerf contrôlant notamment la vessie, et une télécommande. Le rapport avec la choucroute, enfin plutôt avec la sexualité ? Il est dans les effets secondaires inattendus de ce type de traitement contre l’incontinence. Du moins chez les femmes. Certaines patientes utilisant de tels stimulateurs ont en effet remarqué une plus grande satisfaction au lit ! Plusieurs études l’ont depuis mis en évidence. Des chercheurs voient du coup dans la neurostimulation un traitement potentiel de la dysfonction sexuelle féminine. Une affection qui va d’une libido en berne à l’impossibilité d’avoir un orgasme. On en n’est pas encore là. Mais une toute récente étude pilote menée entre autres par le Dr Tim Bruns, spécialiste de l’ingénierie biomédicale à l’université du Michigan, laisse entrevoir certains espoirs. Neufs femmes enrôlées dans cette expérience ont pu bénéficier de séances de stimulation transcutanée du nerf génital dorsal. Sur ce total, pas moins de huit ont rapporté des améliorations significatives en matière d’excitation, de lubrification et d’orgasme ! D’autres études plus complètes sont cependant nécessaires pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un simple effet placebo.

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Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

 

Illustration TaraM