PHOTOSYNTHESES
SEBASTIEN
VAN MALLEGHEM

Cilou de Bruyn -

Passionné, et ambitieux, Sébastien Van Malleghem promène sa sensibilité des espaces clos des prisons à l’infini du Grand Nord. La force de sa lumière et l’équilibre audacieux de ses cadrages apportent à ses reportages une dimension artistique nouvelle. Montrer la réalité des hommes, avec son regard subjectif, c’est son exigence, son mode de vie.

 

© Sebastien Van Malleghem_Prisons

 

J’ai passé 4 ans avec la Police belge, et 3 ans dans les prisons. Le temps me permet de comprendre, d’analyser, de voir les détails et subtilités du quotidien des gens. Les rencontres et la confiance doivent se gagner, comme dans n’importe quelle relation, c’est une question de respect, Je photographie le réel avec mon regard subjectif. C’est un mode de vie, une passion, qui une fois engagés ne te quittent plus.
QUI ESTSEBASTIEN VAN MALLEGHEM

 

© Sebastien Van Malleghem_Police

 

Je ne m’embarrasse pas à « penser au style ».Une bonne image doit être sincère, coordonnée avec les yeux, le cœur et le cerveau pour provoquer une réflexion. Je fais attention à ma distance et à la lumière, qui sont deux éléments primordiaux dans une photographie. Il faut transmettre la situation, autant dans son contexte que dans son émotion.
Quand tu décides de devenir photographe, les sacrifices tu les comptes au quotidien, tu sais que tu vas racler tes fonds de tiroirs. Reste l’acharnement, la joie de faire une bonne image, de rencontrer des gens merveilleux, de vivre des choses fortes. De ne t’aliéner qu’à ce que tu désires. C’est un mode de vie.

 

Sebastien Van Malleghem

 

J’ai commencé la photo par hasard il y a plus de 10 ans. Une amie m’a parlé d’une école de photographie à Bruxelles, j’ai regardé quelques reportages photos et j’ai passé l’examen d’entrée. Puis j’ai eu un sujet à photographier, il fallait partir photographier dans un village dans un coin « reculé » de la Belgique. Je me suis retrouvé là comme un con dans un petit village flamand à la tombée de la nuit sans voiture, sans téléphone ni internet. Je ne savais pas où dormir, j’ai dormi chez un curé qui écoutait de la musique métal et divisait son repas en deux pour pouvoir fumer une cigarette au milieu. J’étais là pour prendre des photos en pellicule, et j’ai trouvé que c’était sans doute le truc le plus dingue du monde: juste se tirer, prendre des photos et vivre des choses.
WORKSHOP AVEC SANDRINE LOPEZ

 

© Sebastien Van Malleghem_NorthRoad

 

Le Nord – j’y vivrai. Ce n’est pas sauvage. C’est ce qu’il y’a dans ma tête qui l’est. Ce travail c’est une sorte de mantra, ça m’évite de devenir fou. Pour l’instant, c’est surtout un besoin de chercher autre chose. De penser hors de la boîte, me confronter à une difficulté personnelle : la photographie de grands espaces, les paysages, le calme. Revenir à des racines photographiques. Je cherche à partir loin, mais dès que je suis là je cherche toujours des humains dans mes photos. Je travaille plus lentement, et j’essaye de me libérer de mes propres habitudes visuelles, je réutilise un peu le film photo aussi.

 

© Sebastien Van Malleghem_Police

 

J’aime le livre principalement car c’est le seul médium qui, selon moi, condense et donne la version la plus juste d’un travail photo. Je prends des notes brouillonnes. Je fais un peu de vidéo, comme avec Police où j’ai fait un 12 minutes. Je filme toujours « à coté » pendant mes reportages. Il faut que je puisse capturer les sons et certains mouvements. Pour le fun, j’ai signé deux clips vidéos aussi, c’est drôle. Pour le coup, les clips tu peux faire ce que tu veux.
ACTUALITES

 

© Sebastien Van Malleghem_NorthRoad

 

Chez moi, dans mon bureau, j’ai eu une photo que Jean-Michel Clajot avait faite pour les reconstitutions des tueries du brabant, une scène de crime. J’attends un tirage de mon ami Oyvind Heljmen qui résulte d’un échange. J’affiche parfois une de mes images quand j’ai un retour d’expo, mais je n’aime pas ça, alors je les décroche après un certain temps.
Je regarde le travail des autres photographes, presque par défaut car j’aime la photo. Mais j’essaie de m’en dégager. L’inspiration, je préfère la chercher ailleurs. J’adore la musique, du trip hop (Massive Attack) au stoner (The Heavy eyes, Black Mirrors)  à l’électro underground des années 90. C’est une des plus grandes influences avec le cinéma noir, belge et anglo-saxon, puis la peinture, ensuite vient la littérature.