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CD THOMAS FERSEN RIMES DES VILLES ET DES CHAMPS

Gilles Bechet -

Dix albums déjà pour Thomas Fersen. Et cette fois, c’est à la ferme et dans la campagne environnante que le chanteur-conteur a posé ses rimes.

Pour mettre en sons ces petites histoires, il s’est offert un habillage en cordes, sous la direction de Joseph Racaille. Un quatuor qui fait tanguer et swinger les chansons avec parfois juste ce qu’il faut de dissonance pour nous éviter de piquer un roupillon.

Le séjour à la ferme débute sur une note gastronomique, ou plus exactement sur tout ce qui précède la dégustation du coq au vin du point de vue de l’infortuné gallinacé. De chanson en chanson Fersen nous introduit sa galerie de personnages un peu branques, un peu touchants d’une Cendrillon qui ne trouve pas sa place, ni son Jules, à une géante fellinienne, terrifiante chiropractrice aux doigts d’acier.

En toute liberté
La campagne qui se dessine ici a des réminiscences de l’enfance et le goût de ces premières fois avec le tendre souvenir d’un gamin de dix ans posant quelques baisers sur le cou d’une biche en petits sabots. Polisson, Fersen peut aussi s’attarder sur les premiers émois sexuels avec beaucoup d’imagination et de drôlerie.
Toujours adepte des rimes riches, il les manie avec beaucoup de doigté et de désinvolture en arrivant à faire passer : Elle était à cheval sur les principes et je laissais trainer mes slips.
Rebelle à toutes les modes, le troubadour poursuit son chemin en toute liberté et c’est dans la cabane de son cochon qu’il a trouvé son petit paradis. Un Eden qu’il se réserve par un délestage progressif de tous les oripeaux de la civilisation. Une vieille baignoire, un grand plumard à baldaquin, un paysage avec une route et une vieille télé, on ne manque pas de place dans la cabane de son cochon.
En vrai transformiste, il se faufile dans la peau de personnages masculin comme féminin terminant ses aventures dans le string d’une fille de ferme devenue effeuilleuse de burlesque qui quand elle en sort un, c’est le big bang, Les types, ça leur allonge la langue.

Tendresse goguenarde

L’éternel adolescent a forcément grandi mais n’a pas changé, et il est arrivé à un moment de sa carrière où il fait vraiment ce qu’il veut. De disque en disque, il a développé des mélodies et un phrasé qui lui appartiennent et un univers immédiatement reconnaissable. Ce serait une erreur de le prendre pour un artiste passéiste. Sur la photo de couverture signée Jean-Baptiste Mondino, il survole la ville sur le dos d’une vache, comme il survole notre modernité avec sa tendresse goguenarde.
Bientôt, on le retrouvera en concert avec les musiciens qui l’ont accompagné sur ce dernier album. Des retrouvailles avec son public qu’il envisage comme une balade entre des chansons dans la versions du moment et ses monologues, qui sont parfois des dialogues, en vers où il nous raconte toutes ces petites histoires qui débordent de ses carnets et qui n’ont pas besoin d’autres musiques que celle des mots.

Interview long format Thomas Fersen, à découvrir cette semaine

Thomas Fersen, Un coup de queue de vache, CD 11 titres, 37 minutes, distribution Believe Digital
concert mercredi 26 avril Ancienne Belgique