Nocturlabe : instrument ancien qui permet de lire l’heure la nuit en observant la position des étoiles. Derrière cette appellation un peu savante, se cachent deux frères, Benoît et Anthony Bodivit. Pourquoi ce nom ? Le flou se dissipe vite: Benoît, le chef, a la Bretagne dans le sang et le voyage en ligne de mire. Il a aiguisé sa lame dans des bastions de la gastronomie de chez nous (Comme Chez Soi, Villa Lorraine), avant de décrocher son premier galon de chef à la Winery, à Boitsfort.
En octobre dernier, il jette l’ancre à Schaerbeek, là où, avant lui, Màloma (désormais à Rixensart) nous avait régalée. Son frère, Anthony, embarque dans la même odyssée, quand il n’est pas à la barre de l’Astrolabe, à Concarneau, leur base bretonne. Voilà pour les présentations.
Le décor ? Une plongée directe dans un bleu abyssal. Les murs en sont littéralement tapissés, de haut en bas. L’appel du large murmure, sans sombrer dans le cliché de brasserie portuaire. Les tables prennent leurs distances, seize couverts et un salon privatisable de huit places. Dans la pénombre bleutée — Nocturlabe lève le rideau uniquement le soir —, on navigue entre un menu en quatre ou cinq temps, modulable et proposé aussi en version végétarienne.
Dès les mises en bouche (espuma de butternut aux algues twisté de curry rouge et d’huile pimentée, puis maki de betterave et dulse, cette algue rouge qui sent bon la Bretagne), le message est clair : Benoît propose une bistronomie contemporaine, dépouillée, affûtée, iodée.
Première entrée, « La Marée monte » : un bouillon façon bisque dans lequel flottent crevettes et huîtres en totale apesanteur. Truite ensuite, cuite à basse température, fondante comme une confidence. Délice. Débarque alors la biche de Noël, nappée d’une sauce cacao–speculoos et escortée d’une déclinaison de salsifis. Une parenthèse terrienne qui met les papilles en émoi dans cette maison tournée vers le grand large. Benoît l’admet sans détour : l’idée d’un menu intégralement marin fait son chemin. Quitte à se singulariser, autant jouer la carte à fond, surtout quand on tient sa matière avec une telle assurance. Le dessert — un trio chocolat, panais, poire — achève de convaincre.
En salle, le lien avec la cuisine reste fluide : le chef vient défendre son assiette, épaulant Nahida, cheffe de salle et maîtresse des vins, qui nous a fait découvrir O de Craie, un blanc racé venu… de Liège, et Chevallier Bernard, un savoyard frais parfaitement adapté à ce menu iodé. Après ce grand bain marin, on refait surface, franchement ravie d’avoir suivi le courant…
Nocturlabe
Rue Impens 3 à Schaerbeek
https://www.instagram.com/nocturlabe.bx/
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