2022, un petit ovni culinaire faisait son apparition dans le quartier du Châtelain à Ixelles : Tatar, premier bar à tartares de la capitale belge. L’endroit avait de la gueule, un concept affûté et un excellent chef belgo-italien, Luca Termine, passé par quelques (très) belles maisons, Alexandre, Crab Club, Kamo*, Comptoir des Galeries. Puis, Luca est parti au Japon. Un voyage dont il est revenu transformé, et avec lui, la carte de Tatar. Désormais, exit les tartares (oui, tous), bonjour les assiettes riches en umami. Un virage validé à 100% par Benjamin Homsy, l’homme derrière le projet. Le cadre, lui, n’a pas bougé — et c’est tant mieux. Bar en zinc central, murs de briques, carreaux vert anglais, et cuisine ouverte sur une salle d’une trentaine de couverts. Brut de décoffrage et chaleureux à la fois. L’ambiance est portée par une bande-son léchée : Sade, Black Pumas, Janis Joplin …
Pas de plats à la carte, juste deux menus en 4 ou 5 escales, qui changent chaque mois. Les mises en bouche sont à tomber : sushi de maquereau, lait ribot, fenouil bronze, galette de sarrasin et croquette de joue de boeuf sur une confiture d’algues et raifort. Rien à redire, si ce n’est que c’est fameux et que ça monte en puissance. Première entrée : pickles de chanterelles maison, shiitakés, fruits de saison, crème de pain brûlé et, pour parfaire le tableau, jus de champi servi dans un mug en grès — shot forestier garanti. Deuxième entrée : truite saumonée, aubergine japonaise à la texture parfaite, dashi. C’est ultra fin et gourmand à la fois. Un vrai pas de deux entre la générosité méditerranéenne et la discipline nippone.
En salle, Benjamin déroule avec le sourire et prend le temps de causer entre chaque assiette. Le service est au taquet, l’ambiance détendue. On embraye avec un ballotin de volaille, patates, chicken wings crousti — du classique envoyé avec précision. En face, la pêche du jour fait le taf : coco de Paimpol, moules à l’escabèche et une hollandaise au beurre noisette en soutien. Délicat et goûtu à la fois. Pour accompagner tout ça, un élégant chardonnay nature de Tchéquie, servi au verre. Final gourmand avec une boule de Berlin et un yaourt sarrasin.
Une soirée sans fausse note : cuisine délicieusement créative, pickles maison, lactofermentation maîtrisée, et bel équilibre entre influences méditerranéennes et japonaises. Tout en subtilité, sans jamais forcer le trait. Franchement, bravo !
Tatar
Rue de l’Aqueduc 155 à Ixelles
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