Bond
et ses bolides

Pierre-Benoît Sepulchre -

De la Toyota 2000 GT de You Only Live Twice à la Lotus Esprit Turbo de For Your Eyes Only, les voitures exotiques font partie intégrante de la saga James Bond. Spectre n'échappe pas à la règle. Et les méchants aussi y ont droit !

 

© Danjaq LLC/MGM/Columbia Pictures
Parmi tous les héros nés au cours du XXe siècle, que cela soit sur grand écran ou dans un roman, l’agent 007 est le premier à avoir fourni un véritable catalogue des véhicules les plus performants et les plus élégants de son temps, doublés d’accessoires aussi intrigants que dangereux. Et lorsque le père de James Bond, Ian Fleming, décrit dans Live and Let Die « la Bentley grise décapotable de Bond, une 4,5 l de 1933 à compresseur Amherst Villiers », il parvient, plus que tout autre auteur, à toucher les amateurs d’automobiles d’exception.
© Danjaq LLC/MGM/Columbia Pictures
Un nidà gadgets
Au cours des 24 aventures de la saga James Bond, 007 a principalement privilégié Aston Martin, et ce même si Lotus, BMW, Toyota, Audi ou encore feu AMC sont parvenus à séduire brièvement l’agent britannique. A ce titre, c’est incontestablement l’Aston Martin DB5 qui tient le haut du podium, le modèle étant apparu dans « Goldfinger » (1964), « Thunderball » (1965), « GoldenEye » (1995), « Tomorrow Never Dies » (1997), « The World Is Not Enough » (1999), « Casino Royale » (2006) et « Skyfall » (2012). Star parmi les stars, la DB5 n’a pourtant été produite qu’à 1.023 exemplaires par Aston Martin, entre 1963 et 1965. Mais le modèle demeure la monture bondienne par excellence, car, à l’image de 007, tout respire en lui le bon-goût, l’élégance et le savoir-faire d’outre-Manche.
© Aston Martin Lagonda Ltd
De la DB5 à la DB10

Depuis que Daniel Craig a enfilé le smoking de 007, c’est Aston Martin qui a les faveurs de l’agent secret, sans qu’aucune infidélité n’ait été commise. Le dernier opus de ses aventures, Spectre à l’affiche actuellement, n’échappe pas à la règle, et ce malgré les difficultés financières rencontrées par le constructeur de Gaydon. En effet, en 2014, Aston Martin a enregistré une perte avant impôts de 72 millions £ (environ 100 millions €), avec seulement 3.661 véhicules écoulés. Cela ne l’a pas empêché de participer activement au film, la saga Bond offrant une visibilité planétaire à ses produits. Du coup, Aston Martin a construit non moins de 10 DB10, tout spécialement pour le film et ce alors que le modèle ne sera probablement jamais commercialisé. Seul un exemplaire sera vendu aux enchères en 2016, mais faute d’homologation, celui-ci ne pourra pas prendre la route. Un bel objet, qui intégrera la collection de l’un des grands de ce monde, mais qui ne pourra jamais dévorer du bitume…

© JLR Automotive PLC
Et les méchants?

Jaguar a suivi le même principe, en développant dix mulets basés sur le concept car C-X75 qui avait été dévoilé au salon de Paris en 2010. Un modèle qui lui aussi ne verra probablement jamais le jour. Comme Aston Martin, le groupe britannique Jaguar Land Rover (JLR), propriété du consortium indien Tata, est un partenaire privilégié du film. Une collaboration qui ne date pas d’hier. En effet, dès 2002 dans « Die Another Day », Jaguar parvient à imposer un modèle (la XKR) qui devient la monture de Zao, l’ennemi de Bond. Etant donné que la voiture du héros est systématiquement une Aston Martin, JLR a tout naturellement proposé ses services pour équipés les « villains », ou tout autre personnage amené à devoir manœuvrer un volant au cours du film. C’est ainsi que dans « Skyfall », Eve Moneypenny, la collègue de Bond, prend en chasse un voleur de données ultra-secrètes au volant d’un Land Rover Defender Double Cab.

© JLR Automotive PLC
Pour Spectre, cette collaboration a pris de l’ampleur.  Ce ne sont pas moins de 72 véhicules qui ont été livrés pour le tournage, dont 9 qui ont été dérobés en Allemagne en décembre 2014. Avec une telle armada, les voitures des méchants volent carrément la vedette à l’Aston Martin DB10 de Bond. Hinx, le digne descendant de Jaws (« The Spy Who Loved Me »), hérite d’une sculpturale C-X75 orange, prête à en découdre avec le coupé argenté de l’agent britannique. Un monstre de près de 900 ch, capable de frôler les 320 km/h et dont la valeur est estimée à plus d’un million d’euros l’exemplaire ! Et si la malheureuse DB10 termine sa course au fond du Tibre, la Jaguar, elle, est bien rentrée au Royaume-Uni, et plus précisément aux studios de Longcross, dans le Surrey, où Bazar a pu brièvement en prendre le volant.
© Danjaq LLC/MGM/Columbia Pictures

 

La C-X75 ?Une fusée !
Au volant de la C-X75

Hybride, la C-X75 embarque un quatre cylindres essence turbocompressé de 1.600 cc, combiné à deux moteurs électriques. Le tout génère une puissance phénoménale, supérieure à 900 ch, ce qui permet au coupé d’accélérer comme un missile. C’est que le 0 à 160 km/h est balayé en moins de 6 secondes! Développé dans un premier temps par Jaguar et Williams Advanced Engineering, le prototype, pour être matérialisé, a dû passer entre les mains du département Special Vehicle Operations (SVO) du groupe JLR, qui s’est chargé d’en assembler dix exemplaires, mais également de régler le modèle afin qu’il corresponde au mieux aux desiderata de la production de « Spectre ». Un gros travail sur la suspension a notamment dû être effectué, afin de pouvoir assurer la scène de poursuite dans les rues de Rome.

© Danjaq LLC/MGM/Columbia Pictures
De (très) grosses semelles

Aux côtés de la Jaguar orange, deux mastodontes noirs, chaussés de gigantesques pneumatiques. Le premier répond au doux nom de Range Rover Sport SVR. C’est, selon JLR, le plus rapide, le plus puissant et le plus dynamique des SUV jamais conçus par Land Rover. Premier Range à arborer le blason hautes performances SVR, le modèle est capable de passer de 0 à 100 km/h en seulement 4,7 secondes, pour une vitesse de pointe limitée à 260 km/h. Le 4×4 embarque un gros V8 essence de 5.000 cc, suralimenté, qui développe la bagatelle de 550 CV, pour un couple de 680 Nm. Tant la boîte automatique à 8 rapports que les suspensions ont dû être optimisées afin de digérer les performances exceptionnelles de ce modèle. Chaussé de pneu Cooper Zeon LTZ de 22 pouces, le Range n’a eu aucune difficulté à évoluer dans les Alpes autrichiennes, traqué par Bond et son coucou.

© JLR Automotive PLC
Le Range Rover Sport SVR est épaulé dans le film par deux Land Rover Defender Big Foot, qui, grâce à leurs pneus Maxxis Trepador de 37 pouces, montés sur des jantes de 16 pouces, semblent perchés sur des échasses. Plus encore que son petit-frère, le Defender Big Foot est taillé pour évoluer dans les conditions les plus extrêmes, et plus spécialement dans la neige où il est à même de se sortir des situations les plus périlleuses. Pour le film, le Def’ a vu ses suspensions modifiées, et son châssis renforcé. Et John Edwards, directeur général du département SVO, de déclarer que l’aventure Spectre a permis à JLR de démontrer les capacités exceptionnelles de l’équipe dédiée à la préparation de ces véhicules hors norme.

Un win-win réussi, qui débouchera, sans aucun doute, sur une nouvelle collaboration lors du 25e opus des aventures de James Bond !