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©Art & Design Atomium Museum
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©Art & Design Atomium Museum

ADAM
à l’atomium

Simon Brunfaut -

Ce vendredi 11 décembre, un nouveau musée ouvre ses portes à Bruxelles : l’ADAM (Art and Design Atomium Muséum).

A l’approche de l’Atomium, on distingue sur la gauche, à travers un paysage accidenté de bâtiments et de parkings, un escalier qui retient immédiatement l’attention autant par sa forme que par ses couleurs, qui n’est pas sans évoquer une espèce d’ « échelle sainte » conduisant vers un autre monde.

L’oeuvre est signée Jean Nouvel. Devant, quelques arbres et comme le profil d’un jardin. Le pas du visiteur est guidé par un sentier. Si l’anagramme (ADAM) a de quoi surprendre par sa connotation édénique, il ne doit pas masquer l’ambition première : faire la part belle à l’objet « design » mais aussi plus largement à l’objet d’art à travers une collection permanente extrêmement riche qui regroupe des pièces très variées, couvrant plusieurs époques.

Le plastique règne ici en maitre, sa présence est à la fois visible et invisible, prégnante et évanescente, « matière miraculeuse », comme le rappelle une citation de Roland Barthes à l’entrée.

Cette collection a été constituée avec patience et méticulosité par Philippe Decelle, et ce depuis les années 60. On trouve donc ici les « restes » d’une époque, comme l’évocation d’un paradis perdu.

Le musée s’articule autour d’expositions temporaires, ainsi que d’espaces dédiés à des ateliers pédagogiques ou des conférences. Le projet architectural et la scénographie ont quant à eux été conduits avec brio par le bureau Lhoas & Lhoas, qui a su se servir de la structure existante de l’ancien Trade Mart pour donner à l’édifice, à ses plafonds bas et à ses larges espaces, un aspect quasiment infini.

Avec la naissance de l’ADAM, il est désormais possible à l’amateur de design (mais aussi au néophyte et au curieux) de s’enfermer à l’envi, de 10h à 18H, avec les objets. Plaisir simpliste diront certains esprits chagrins. Mais enfin, n’est-ce pas jouir du temps que de jouir des objets dans lesquels il vient se loger et qui le retiennent ?

Pourtant, qui oserait confier son bonheur à un objet (ou à plusieurs) si ce n’est un matérialiste aux idées très rugueuses et au coeur dur comme de la brique ? Jamais le design ne prétend cependant faire votre bonheur : il se contente d’en échafauder l’habitude et de susciter son accoutumance.

Le design agit comme un baume, un onguent qu’on appliquerait sur le quotidien blessé par la lourdeur. Le design a le sens des moments opportuns, des courts instants, des regards furtifs et distraits, des surprises, des effleurements et des envolés : il fait de la fonction une fiction, de la fiction une fonction. C’est ce sentiment d' »inutilité » qu’insuffle le design aux choses, qui fait de l’utilité un rêve éveillé, de la réalité un détachement enchanteur.

En parcourant les salles de l’ADAM, on prend conscience à quel point le design écrit  l’histoire à part entière de l’homme, éclatée en fragments de matières, disséminée dans un peuple d’objets diffus.

L’ADAM, qui est en lui-même un objet tout-à-fait singulier, rappelle qu’entre l’homme et l’objet, subsiste une relation qui loin d’être systématiquement conflictuelle est d’abord celle d’un attachement et, par conséquent, d’un irrémissible arrachement. En tombant du paradis, Adam a aussi perdu le plaisir innocent des objets – au design la tâche d’en rappeler le gout originel.

 

ADAM ( Art & Design Atomium Museum) Place de Belgique – B – 1020 Bruxelles T. 32 (0) 2 475 47 64. Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10H à 18H. www.adamuseum.be