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Plant Fever
Plant Fever, CID 2020, Vue d'exposition, photo Tim Van de Velde
Plant Fever, CID 2020, Vue d'exposition, photo Tim Van de Velde
Plant Fever
Plant Fever, CID 2020, Vue d'exposition, photo Tim Van de Velde
Plant Fever
Plant Fever, CID 2020, Vue d'exposition, photo Tim Van de Velde

Expo Plant Fever
Nos amies les plantes

Gilles Bechet -

Dans sa passionnante nouvelle exposition, Plant Fever, le CID du Grand Hornu nous invite à réfléchir sur le potentiel caché des plantes. Une cinquantaine de projets pour reconsidérer notre rapport au végétal à travers des produits et objets de décoration, des dispositifs open source et des paris sur le futur.

Cohabitation

C’est comme si la menace du réchauffement climatique nous enjoignait à serrer les coudes, les feuilles et les racines. Le siècle prochain sera celui des plantes ou ne sera pas. Pendant longtemps, en occident, les plantes soit faisaient partie du décor, soit étaient des variables à exploiter sous une forme ou une autre. Mais les choses sont en train de changer. De nombreuses études nous éclairent sur l’intelligence des plantes et sur tout ce qu’elles ont à nous apprendre et à partager avec nous. Dans cette nouvelle approche de la cohabitation avec le monde végétal, les designers ont évidemment leur rôle à jouer. C’est ce que montre la passionnante exposition proposée par le CID sur le site du Grand Hornu.

Alternative au plastique

Quitte à considérer les plantes d’abord comme des ressources, beaucoup reste encore à faire. Les résines végétales, par exemple, offrent une alternative au plastique. Marcin Rusak y intègre des fleurs ramassées sur les marchés au petit matin. Dans un parc en Hollande, Steven Benken a réalisé des bancs à partir des branches coupées qui retourneront à la terre après utilisation. De nombreuses variétés sont négligées, des objets réalisés à base de chanvre, de cocotier ou d’ananas nous prouvent le contraire. La gestion industrielle du bois gaspille de larges portions de l’arbre générant beaucoup de déchets comme dans le sapin notamment. Compressées, séchées, les aiguilles ou l’écorce peuvent offrir un matériau plein de potentiel. Les plantes invasives constituent un réel problème souvent réglé par l’élimination. Le collectif Trajna de Slovénie propose de fabriquer du papier avec les restes séchés de la Renouée du Japon qui grâce à la récolte collective, donne aussi aux habitants les moyens de se réapproprier leurs terres.

Traiter l’altérité

Entretenir et s’occuper des plantes, c’est aussi se faire du bien à soi-même. Le premier titre de l’exposition aurait pu être Pet plants, ou plantes de compagnie. Prenons le temps de regarder les plantes pour comprendre leurs besoins par des pots mieux adaptés par exemple. Pour le duo italien Dossofiorito, une nouvelle approche des plantes est un excellent exercice pour traiter de l’altérité.

En faire nos alliées

Le dernier ouvrage de Charles Darwin, publié avec son fils Francis en 1880, s’intitulait The Power of Movement of Plants. Il y relevait que la pointe de la racine agissait comme le cerveau d’une espèce animale inférieure, capable de transformer les informations relatives à son environnement en mouvements. Plus de 150 années plus tard, Helene Steiner connecte les racines des plantes à des senseurs informatiques pour décoder les besoins des plantes. D’autres projet innovants se basent sur l’intelligence des plantes pour en faire nos alliées. Il y a les Plantoïds, des robots inspirés des capacités de progression des racines dans le sol. Des chercheurs réfléchissent à développer l’extraction des métaux par les plantes grâce aux capacités absorbantes très ciblées de certaines espèces ou de manière plus poétique, le projet de Marie Declerfayt qui avec ses Botanical Bodies, imagine de faire pousser des os par hybridation en se basant sur les similarités microscopiques entre les tissus végétaux et humains.

La mesure du temps

Faire des plantes nos partenaires, c’est aussi accepter de leur laisser la mesure du temps et de se permettre d’attendre cinq à dix ans pour faire pousser des chaises en extérieur comme le font les anglais de Full Grown.
En dépit des menaces environnementales qui pèsent sur la planète, le végétal ne va pas complètement disparaitre de sa surface. On ne pourra affronter l’avenir sans y intégrer les plantes. Elles ont beaucoup à nous apprendre. Et ça commence au Grand Hornu.

 

Plant Fever
Vers un Design Phyto-Centré
CID Grand Hornu
82, Rue Sainte-Louise
7301 Hornu
Jusqu’au 07 mars 2021
Du mardi au dimanche de 10 à 18h
www.cid-grand-hornu.be

 

Catalogue

Un passionnant catalogue accompagne cette exposition. Il comprend des essais visuels et des textes engagés, ainsi que des entretiens avec des philosophes et designers qui repensent notre relation avec le monde végétal.

Plant Fever, sous la direction de d-o-t-s (Laura Drouet et Olivier Lacrouts) CID / Stichting Kunstboek, 232 pages, 35 €