À la découverte
de l’Irlande du Nord

Simon Brunfaut -

 

L'Irlande du Nord est une destination moins prisée que sa petite soeur du sud. Pourtant, elle n'a rien à lui envier. Entre richesses naturelles et légendes, paysages et couleurs, villes et campagnes, l'Irlande du nord livre ses secrets par touches successives

 

©Simon Brunfaut
Capitale de L’Irlande du Nord, Belfast est actuellement en plein essor économique. Son architecture et sa brique rouge caractéristique lui donnent une identité visuelle très forte. Sa collection de pubs est impressionnante et très diversifiée (le fameux The Crown, par exemple, avec son architecture victorienne) C’est dans ces endroits aux décors soignés et hétéroclites, où plane un lyrisme envoutant, que l’on découvre les atmosphères typiquement irlandaises. La musique est omniprésente, entre des airs traditionnels et du jazz nostalgique. Le St-George’s Market mérite le détour : outre quelques spécialités locales, on peut y déguster des algues de mer (notamment avec un verre de gin, de préférence le Jawbox). Le quartier bohème du Belfast Queen’s regorge quant à lui de magasins insolites, lieu de prédilection des chineurs. Ne vous étonnez pas si dans un bookstore nommé No Alibis, le vendeur en vient à vous proposer de boire un thé. Parfois, le temps se suspend, comme ces parapluies jaunes accrochés au plafond dans un passage du centre ville garni de fresques peintes en l’honneur de certains chanteurs locaux. Non loin de là, trône la cathédrale Sainte Anne dont la « flèche de l’espoir » rappelle un engin spatial non identifié.

 

 

 

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Derrière l’exhortation à la paix et le rappel du passé aujourd’hui gravés sur les murs, il existe un humour nord-irlandais des plus charmants. Quelque chose comme une ironie douce se faufile au travers de cet accent si fort : on vous chantera ici l’invention saugrenue de l’air conditionné tout en vous contant la découverte fabuleuse du chocolat chez Co couture. Avec aplomb et sans la moindre hésitation, un chauffeur de taxi sera capable de vous réciter un poème entier de Seamus Heaney. De son coté, la gastronomie n’est pas en reste : elle assume progressivement une tradition (dont on pense à tort qu’elle est sommaire) tout en osant, ici et là, quelques reformulations de son terroir et des codes gastronomiques issus du continent. Mais c’est la bière, bien sûr, qui reste l’emblème de la ville et du pays. Boire une Guinness est ici un sport national auquel on aurait tort de ne pas s’adonner, puisque comme le dit une publicité : la Guinness vous donne de la force

 

 

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Il faut à peu près une heure et demi en voiture pour rejoindre Derry ( ou Londonderry), ville située au nord-ouest de Belfast. C’est sur la route que l’Irlande révèle ces plus grandes beautés et ses mystères les plus insondables. De fins lacets conduisent à des étendues immenses que l’on pourrait croire, durant un instant, inhabitées ou désertées. Le visiteur se croit soudain devenu explorateur et aventurier. Par temps clair, la perspective, malgré les limites de l’insularité, est quasiment infinie ; on peut même apercevoir les côtes voisines de l’Ecosse. Lors de ces pérégrinations, il arrive même de croiser un homme à pied qui semble courir après une légende tout en luttant contre le vent avec ses bras.

 

Les bonnes adressesen Irlande du nord

 

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Contrairement à ce que l’on prétend généralement, le paysage ici n’est pas « coloré » ; ce sont plutôt  les couleurs qui sont le paysage tout entier. Il faudrait les décrire une par une avec précision, particulièrement lorsqu’elles s’associent. On se contentera de dire que le vert y est prépondérant, vif et chaud. L’orange et le jaune l’accompagnent avec délicatesse. Le rouge quant à lui se fait plus discret. Par ailleurs, le bleu du ciel y est presque gris, tandis que les nuages gris ont des reflets d’un bleu profond. Sur la route, prenez le temps de vous arrêter au Musée des migrations ( Ulster American folk Park), véritable village du 19 ème siècle recréé de tout pièce. Vous pourrez y découvrir une part importante de l’histoire nord irlandaise en vous plongeant dans le vécu de ces hommes et de ces femmes attirés par le nouveau monde.

 

 

 

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Derry est tristement célèbre. Animée par de nombreux conflits au cours de son histoire, notamment le fameux « sunday bloody sunday« , la ville en garde la marque et la mémoire. Toutefois, comme à Belfast, la paix s’est lentement dessinée et imposée sur les anciens murs qui séparaient autrefois les communautés protestantes et catholiques. De fait, la ville est en pleine mutation, assumant son passé tout en se tournant vers l’avenir, comme le symbolise ce fameux Peace Bridge, évoquant deux bras qui aspirent à se rejoindre. A Derry, en novembre, la fete d’Halloween bat son plein. Elle prend ici un sens tout-à-fait singulier. En effet, on vient du monde entier pour observer les parades de ces animaux étranges et de ces monstres effrayants. Les habitants rivalisent d’inventivité et d’excentricité dans le choix leurs déguisements et l’élaboration de leurs costumes. Ce culte païen, celtique, s’intègre naturellement dans une culture chrétienne pourtant omniprésente. N’hésitez pas à faire un tour sur les magnifiques remparts de la ville et, à la manière des dames des temps passés, effectuez un très fashion « catwalk », dont on raconte qu’il fut inventé ici.

 

 

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Il faut oser s’aventurer vers les cotes nord irlandaises pour prendre la mesure des histoires qui habitent ce pays. Giant’s Causeway ( La chaussée des géants) en est un parfait exemple. Classée au patrimoine de l’Unesco, cette côte travaillée par les temps, les vents et la mer, est prodigieuse : ce sont environ 40 000 colonnes hexagonales et verticales qui sont ainsi juxtaposées en formant une espèce de silencieux théâtre surnaturel. Toutes sortes d’histoires savoureuses sont colportées au sujet de ces fameux géants, plus merveilleuses les unes que les autres. On en oublierait volontiers les raisons scientifiques de l’érosion. L’imagination des hommes rivalise en ce cadre avec l’imagination de la nature.

 

 

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L’Irlande, ce sont des histoires de Dieux et de Déesses, de chevaliers errants, de rois déchus ou maudits, de princesses devenues folles, d’animaux mythologiques. Le pays est un vieux livre ouvert dont chaque page appelle au rêve éveillé. Des histoires ancestrales continuent de vivre dans les plis de la terre, au travers de la moindre brise, dans la plus fine goutte de pluie. Le présent semble toujours susceptible de basculer dans un conte fantastique où la magie et les sorts ont leur place. Ce n’est pas un hasard sans doute si la série Games of thrones a trouvé ici nombreux décors de tournage ( notamment le fameux Dark ages). Territoires vierges, arbres centenaires, moutons paisibles et lumières pales forment un ensemble à la fois intriguant et poétique. Au loin, sur la côte, les ruines d’un chateau se dressent, comme celles du Dunluce castle. Sans amener la peur ou la crainte, la beauté de ces vestiges donne plutôt un sentiment métaphysique à leur observateur béat. Les Irlandais,peu avares en détails et en explications ébouriffantes, vous raconteront aussi de fausses histoires. Il vous arrivera par exemple de confondre, suite aux indications ironiques d’un guide, un mats de voiliers avec la croix d’une église soi-disant engloutie par les flots. A quelques kilomètres de là, la descente sur la plage de Downhill est particulièrement agréable, surtout lorsque celle-ci repose à proximité d’un soleil bas.

 

InfosPratiques

 

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Belfast est indissociablement liée au Titanic. Loin de constituer une ombre au tableau, les irlandais en ont fait une force. La richesse des documents et des différentes reconstitutions qu’il propose font du Titanic Museum un incontournable. Le musée, dont l’architecture est particulièrement bien pensée, prend le parti de rappeler combien l’industrie de la construction de navires fut florissante et ne compte, à vrai dire, qu’un naufrage tristement célèbre… Le visiteur pourra observer l’histoire du fameux paquebot, depuis sa bruyante salle des machines jusqu’à ses pont luxueux. Il pourra également participer, de façon très réaliste, à la vie des ouvriers de l’époque tout en partageant celle du personnel de bord et des voyageurs de première ou de troisième classe. Enfin, ce sont les recherches sous-marines réalisées par les scientifiques contemporains qui achèveront de bluffer les plus curieux, avides d’histoires étonnantes à propos du plus célèbre bateau de l’histoire.