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Quilotoa
Quilotoa ©Marie Dykmans
Marché d'Otavalo
Marché d'Otavalo ©Marie Dykmans
Green Forest Lodge ©Marie Dykmans
Shaman
Delio, le Shaman ©Marie Dykmans

Marie de Belgique
chez les Equatoriens

Marie Dykmans -

Marie Dykmans, blogueuse belge créatrice du site culinaire Choupetamarie, et chroniqueuse À tables! pour Bazar, est partie le 4 octobre 2017 en aller simple pour un voyage autour du monde. Au fil des semaines, notre globe blogueuse vous présente les points forts de son voyage. Les gens, leurs coutumes, leur cuisine et leurs styles de vie. Mais aussi ses meilleurs plans, ses surprises, ses trouvailles locales… Embarquement immédiat en compagnie de Marie de Belgique!

 

Escale #12 L’Équateur

L’Amérique Latine regorge de paysages époustouflants dignes d’une faune et d’une flore uniques, mais également d’une topographie passionnante. Les pays dessinent les contours du continent et divisent les merveilles naturelles. De telle sorte que la forêt amazonienne, poumon de l’humanité, possède pas moins de neuf nationalités, au même titre que la Cordillère des Andes qui s’étend majestueusement du Vénézuela jusqu’en Argentine. Tant de points d’attrait majeurs dont naissent expéditions et pèlerinages entrepris par ceux dont la soif d’aventure ne peut être assouvie que par la grandeur et la quiétude des vastes panoramas américains. Dans l’ombre de ses imposants voisins, négligé par leur engouement touristique, l’Équateur attire une attention distraite ou du moins inégale à la valeur de son patrimoine. L’inattention du touriste lambda fait le bonheur des aventuriers. Ceux qui prendront la peine de s’intéresser à cette contrée dont le sol est peu foulé, seront hautement récompensés par la beauté de ses horizons et la chaleur de son peuple.

L’Équateur a une superficie bien moins importante que celle de ses pays limitrophes, mais les concurrence avec une géographie diamétralement contrastée. Les emblématiques îles Galapagos, les massives crêtes des Andes, l’impénétrable jungle amazonienne et les villages balnéaires de la côte pacifique, sont les quatre régions qui définissent le pays. Ces territoires constituent un condensé du continent et offrent de nombreuses opportunités de fabuleux voyages tout en évitant des trajets interminables entre deux destinations.

Chez les Équatoriens

J’ai rencontré Délio, gardien des traditions

Chaman de père en fils dans sa famille, Delio commence son apprentissage à l’âge de 9 ans avec pour maître, son grand père. Durant son initiation, il prend régulièrement de l’Ayahuasca, psychotrope local constitué d’une décoction à base de plantes et d’une liane provenant de la jungle. Ce breuvage hallucinogène est mondialement connu pour ses propriétés curatives et spirituelles et rendrait possible la communication avec la nature et les esprits. Bien que controversés dans notre société empirique, les chamans sont les médecins, sages et figures célestes des villages retirés d’Amazonie. Ils constituent depuis toujours l’autorité savante de ces ethnies. Malheureusement, les abus de certaines de ces personnes d’autorité a terni la réputation de leur ordre. Pourtant, pour ces petites collectivités vivant en autarcie, ils détiennent bel et bien un rôle clé, voire salvateur et sont loin d’être des charlatans.

Delio raconte comment, muni de plantes et guidé par l’Ayahuasca, il vient en aide aux malades de son village. Certes, il n’a pas de diplôme à afficher ou de thèse scientifique pour certifier ses compétences, mais cette absence de preuves matérielles n’enlève en rien les années de travail pratique et les nombreuses guérisons qu’il a à son actif. De multiples tribus vivent encore en marge de nos sociétés et sont sous la tutelle de gourous ou chamans. Leur incapacité à s’adapter à nos méthodes, ne rendent pas leur savoir moins sérieux et leur théories moins honorables. Leur vision du monde, souvent aux antipodes des fondements de notre mode de pensée, invite à réfléchir aux priorités qui sont les nôtres.

J’ai mangé 14 chefs-d’oeuvre signés URKO

La gastronomie est au coeur de l’identité d’un pays. L’essence de ses peuples, la diversité de sa géographie et les courants de son histoire sont les ingrédients secrets des mets les plus typiques. 

L’Équateur bénéficie d’un passé captivant, mais également de régions riches et complémentaires. Ses ressources sont significatives et sa biodiversité extrêmement importante. Seulement, des cultures arables ne suffisent pas, c’est aux indigènes, aux Incas, aux colons espagnols et à leurs esclaves africains qu’on doit la transformation des matières primaires en recettes traditionnelles. Le restaurant Urko, cuisine en vogue à Quito, met ce patrimoine à profit pour le bonheur des fines bouches. Le chef, Daniel Moldonado, relève le défi de faire voyager ses clients au moyen de mets complexes et raffinés, échantillons des peuples et provinces endémiques d’Équateur. Monsieur Moldonado arbore fièrement les couleurs de son pays tout au long de l’expérience confectionnée autour du menu dégustation. Il marie les richesses de chaque région au moyen d’une cuisine fusion gastronomique. Cette rencontre entre géographie et culture élève l’expérience culinaire à un niveau nettement supérieur, c’est pour un voyage gustatif que paye le client. Sa cuisine met en scène ses produits locaux et populaires comme le yucca, le riz ou encore, le cacao et les transforme en plats inédits par le biais des alliances osées. Daniel Moldonado rend ainsi hommage à sa terre natale à travers un menu dégustation de 14 services lui permettant d’exprimer la complexité de la culture et de l’histoire de son pays.

J’ai dormi dans la jungle

La forêt amazonienne est à l’origine de nombreux fantasmes certes angoissants, mais également excitants. Dans mon imagination romanesque, elle se figure comme une sorte d’antre dense et obscur grouillant de félins avides de sang, de reptiles voraces et d’insectes sournois. L’idée même de s’y aventurer donne des frissons, mais fait naître conjointement une curiosité intarissable. Je découvre les secrets de ce monde austère et enchanté à travers les livres; Latitude zéro de Mike Horn et Walk the Amazon de Ed Stafford, deux aventuriers intrépides, assez fous que pour traverser à pieds ce labyrinthe sauvage.

L’occasion de me confronter moi aussi à ces peurs et chimères est une chance que je ne peux laisser passer. Derrière ce visage effrayant se cache finalement un monde magique et fascinant, un univers mystérieux peuplé d’une faune et d’une flore sans limite. Une telle expédition s’organise en collaboration avec une agence locale, Geo Tours. Pendant quatre jours, on s’implique dans la vie locale de l’une des régions les plus reculées d’Équateur, tout se fait en pirogue ou à pied. Le campement Green Forest Ecolodge se compose de cabanons en bois reliés par une système de ponts surélevés qui se fraye un chemin de la rivière jusqu’à la jungle. Une immersion dans la nature à des kilomètres de toute civilisation moderne. 

L’agence nous a concocté un programme minutieux; balade dans la forêt à la recherche des plantes médicinales, expédition de nuit pour débusquer la faune nocturne, tour en pirogue sur le lac au coucher du soleil, observation des nombreux oiseaux, dauphins et caïmans et pour finir, une rencontre avec un village et ses autochtones. Armés de nos bottes, lampes torches et anti-moustiques, nous abordons les environs avec précaution et modestie. C’est une expérience riche et unique qu’il nous est donné de vivre. Une telle communion avec la nature nous ouvre les yeux, le rôle de l’humain paraît dérisoire face à la force et sagesse de cet écosystème indépendant.

J’ai expérimenté un trekking dans les vallées du Quilotoa

Le relief accidenté le long de la cordillère des Andes contraste avec les paysages verdoyants d’Amazonie. Les sommets de la Sierra, volcans et terres vallonnées d’Équateur occupent une place de choix au sein des parcs nationaux et sont pris d’assaut par les randonneurs. Le trekking du Quilotoa séduit les marcheurs grâce à ses avantages pratiques et attraits touristiques. Tout d’abord, il peut être entrepris sans guide ni agence, ce qui assure calme et solitude, ensuite il n’est physiquement pas hors de portée, à condition d’être sportif, et pour finir, son coût est moindre et sa beauté sans pareil. Nous parlons ici de trois jours de marche en autonomie, constamment entouré d’un panorama complexe et somptueux. C’est en s’éloignant des villes, centres névralgiques de la mondialisation, que l’on peut apercevoir l’essence même d’une culture. Au gré de la route, des villageois vaquent à leurs occupations, ces Indiens des terres andines nous dressent un tableau ancestral d’un style de vie qui se perd. Se mettant au rythme des locaux, déambulant sur les sentiers escarpés, il nous est donné de voir le vrai visage de l’Équateur. Sillonner le canyon du Rio Toachi est un régal, les flancs de montagnes sont recouverts d’une végétation qui tire du vert au jaune, la rivière serpente à travers un paysage abrupt et quelques lamas broutent çà et là. Les nuits en refuges nichés dans les hameaux isolés d’Isinlivi et de Chugchilán sont providentielles après les longues heures de marche sous un soleil de plomb. Mais la vraie récompense qui attend le courageux, c’est le spectacle qu’offre la lagune du Quilotoa et ses nuances de bleus. À 3800 mètres d’altitude, après efforts et patience, ce majestueux lac niché dans le cratère d’un ancien volcan aux crêtes dentelées constitue l’apothéose de trois jours de trekking et clôture en beauté un séjour mémorable dans les Andes équatoriennes.

J’ai retenu les couleurs et tissus du marché d’Otavalo 

Un véritable musée d’artisanat andin prend place les jours de marché dans le petit village d’Otavalo. Une métamorphose s’y opère pour accueillir les marchands indigènes des quatre coins de la région. Les ruelles sont prises d’assaut par cet engouement villageois où artisans locaux déploient leurs créations devant une clientèle internationale. Des dizaines d’étals colorés se succèdent et s’étendent à partir de la place des Ponchos, mettant à disposition tout le réseau routier du quartier en ce jour de commerce. Qualifié comme l’un des plus grands marchés indigènes d’Amérique centrale, le marché d’Otovalo attire amateurs et connaisseurs et impressionne par sa beauté. Malgré sa réputation et l’attrait qu’il suscite, le mercado a le mérite d’avoir su préserver ses charmes. Des autochtones fièrement vêtus de l’habit traditionnel négocient entre eux en kichua, dialecte local, sans se soucier des voyageurs curieux. L’artisanat est au centre des transactions; laine de lama, pull en alpaga, nappes brodés, ceintures en cuir, hamacs tissés en coton, colliers ethniques sont vendus à des prix dérisoires. Regrettablement, le « made in China » s’y est frayé un chemin avec le temps et vient dévaluer le caractère traditionnel du marché. Vous êtes déçu… Mais bientôt vous vous faites bousculer par une petite dame aux longues tresses noires, portant une jupe plissée et dont le cou est écrasé sous ses épais colliers. Elle est suivie de son mari qui tient par les pattes quelques poulets qu’il espère bien vendre avant la fin du jour. Ce spectacle, vous fait vite oublier la triste inscription asiatique n’ayant pas sa place ici. Heureusement, la magie opère, telle une douce fragrance qui flotte dans l’atmosphère, le spectacle du quotidien de ces petits villages de montagne enivre et illustre parfaitement les charmes séduisants d’Équateur.

 

Si vous avez des questions, des conseils ou des suggestions, n’hésitez jamais à me les partager, c’est un voyage improvisé où toute opportunité est bonne à prendre!
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Je m’embarque à présent pour le Pérou. Rendez-vous au plus tard (mais peut-être plus tôt!) dans un mois sur Bazar et ses réseaux sociaux, pour la suite de notre aventure commune!