Portugal Fashion
édition 2019

Pierre-Benoît Sepulchre -

Frappée de plein fouet par la crise financière de 2008, l’industrie portugaise a dû se réinventer pour faire face à une concurrence féroce. Aujourd’hui confiante et audacieuse, elle compte devenir numéro 1 du secteur d’ici 10 ans .Tradition, durabilité et créativité, le tiercé gagnant?

 

© Pierre-Benoît Sepulchre
À l’image de l’Italie, le Portugal est un des rares pays européens qui est parvenu à préserver un tissu industriel composé de petites sociétés familiales spécialisées dans la confection de prêt-à-porter ainsi que dans la fabrication de chaussures. Une tradition qui peut être une arme à double tranchant avec une qualité et un savoir-faire qui prennent souvent le pas sur la création artistique. Le textile portugais cherche aujourd’hui à concilier son modèle industriel centré sur la confection avec une scène de la mode très jeune, tournée vers le développement durable et la conquête de nouveaux marchés.
Une expertisequi fait mouche
© Aris Setya
Incontournable

L’industrie textile représente aujourd’hui quelque 10 % des exportations portugaises tandis que 80 % de la production du secteur est exportée dans 186 pays. Le Portugal ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Durant les dix prochaines années, le pays ambitionne d’accroître ses parts de marché à l’international mais aussi d’attirer les plus grands groupes de confection afin qu’ils fassent appel au savoir-faire local. Actuellement 6e en termes de chiffre d’affaires, il espère devenir numéro un du secteur en Europe à l’horizon 2030.

 

© Aris Setya
Un mot un seul : innovation

Pour y parvenir, la patron du groupe ERT (expert dans la production de textiles de haute technologie) entend jouer la carte de l’innovation, à commencer par la numérisation de l’industrie. Pour Fernando Merino, patron d’ERT, la numérisation ne passera pas uniquement par des plateformes de vente ou de communication; celle-ci doit en effet aussi s’inscrire dans le processus industriel  C’est ce qui a été baptisé Industrie 4.0 et qui consistera en une démocratisation des outils et techniques de pointe. Pas uniquement pour les grands acteurs du secteur mais également pour les petites structures, à l’image des entreprises familiales.

 

© Aris Setya
Autre point capital aux yeux des industriels portugais : le développement durable. Paulo Vaz est bien conscient de l’importance de s’inscrire dans cette veine, pas pour surfer sur la vague actuelle mais bel et bien pour produire plus respectueusement encore ainsi que pour faire face à une concurrence qui elle aussi est appelée à produire de plus en plus durablement. Enfin, qui dit développement durable dit respect des travailleurs du secteur.

 

© Aris Setya
Une industrie textile performante et innovante passe aussi par une meilleure qualification de tous les travailleurs du secteur. L’idée est d’améliorer celle-ci en étroite collaboration avec les écoles, les universités et les centres de recherche, mais également d’encourager la nouvelle génération à rejoindre ce secteur qui, trop souvent encore, souffre d’une image très traditionnelle. Les projets d’entreprenariat émanant de la nouvelle génération seront donc encouragés et soutenus, d’autant que le secteur est très demandeur de créativité et d’innovation technique. On le voit avec une kyrielle d’applications en tout genre, notamment dans le domaine de l’automobile et de l’aérospatial.
Les étoilesmontantes
© Pierre-Benoît Sepulchre
Un avenir prometteur

Le Portugal, qui a été touché plus violemment par la crise de 2008 que la plupart de ses voisins européens, retrouve peu à peu une économie florissante tout en gagnant en stabilité dans des secteurs clés comme le textile. Avec une tradition d’exportation bien ancrée, la confection portugaise tente de se faire une place dans le monde de la mode avec une offre commerciale et des créations qui misent sur l’originalité. L’innovation, le développement durable et la formation des nouvelles générations semblent être les clés pour faire évoluer et affranchir la mode portugaise. Trois axes qui, à eux seuls, ont d’ores et déjà surpassé la simple tradition.