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Loma© Sub-Pop

CD
Au pays des merveilles
de Loma

Gilles Bechet -

Le premier CD de Loma, un trio américain qui réunit le chanteur de Shearwater et le duo Cross Record. Leurs chansons habitées par les échos de la nature se déploient dans une ambiance d’onirique lenteur où chaque son se détache comme un signe calligraphique sur le paysage. Loma sera en concert au Botanique le 27 mai.

 

 

Les chansons sur cet album sont ouvertes à la lumière et aux frémissements du grand air. A la fois intimistes et déployées en cinémascope, elles nous font voyager en un arpège de la confidence familière à la rêverie cosmique.

 

 

 

Pays des merveilles

Loma, qui signe ici son premier enregistrement, est un trio. On y trouve Jonathan Meiburg, rocker diplômé en ornithologie, mais surtout tête pensante et chantante du groupe indie Shearwater. Il a été rejoint dans ce projet par Emily Cross et Dan Duszynski de Cross Record, un duo au post-rock rural et éraillé. Pour la petite histoire, Loma est en quelque sorte né à Bruxelles. Partageant le même label, Shearwater avait invité Cross Record à assurer la première partie de leur tournée 2016. Et c’est à l’issue de leur concert au Botanique, en novembre, que le trio a décidé de faire de la musique ensemble.

Orfèvrerie sonore

Loma a été enregistré dans un ranch aux abords d’Austin dans le Texas rural. Les grands espaces et un ciel d’un bleu métallique ont irrigué ces 10 chansons organiques en clair obscur. Leur point commun, la voix cristalline d’Elizabeth Cross qui flotte sur des structures rythmiques subtiles et puissantes. Le travail du son est de l’orfèvrerie qui appelle une écoute au casque. Avec peu d’éléments, ils arrivent à construire un vaste espace légèrement dissonant. Si les textes sont plutôt sombres, le résultat est au contraire, léger et aérien.
Dans le premier morceau Who is speaking ?, ouvert sur de délicats arpèges de guitare, elle se demande ce que la nuit a à voir avec le jour. Le mystère reste entier alors que des nappes de synthés tournoient en arrière-fond comme des vents tourbillonnants qui semblent par moments imiter le gémissement d’un petit animal. Dans Dark Oscillations le rythme plus oppressant est tiré vers le haut par une double voix céleste et le souffle d’une clarinette.

Complète liberté

Joy répercute le son de million d’ondes de joie. On pourrait être ici dans la la musique d’un épisode de Game of Thrones où une armée mixte aux costumes chatoyants chemine dans l’euphorie d’un majestueux paysage, bannières flottant au vent.
Emily Cross et Dan Duszynski, qui formaient un couple à la ville comme à la scène, se sont séparés pendant l’enregistrement de l’album. I Don’t Want Children scelle cette séparation sur un ton très détaché et apaisé souligné par une guitare qui prend des airs de koto japonais.
Le disque a été enregistré en complète liberté. On peut emprunter à la casserole du petit déjeuner un son de percussions et le chuintement des engoulevents pour les mêler aux nappes de synthés.
Relay Runner et son irrésistible rythme robotique s’ouvre sur les chants des cigales et des grenouilles et dans un Sundogs, comme écrasé par un soleil de plomb, on entend halètement des chiens soudainement tirés de leur sieste.
L’album se conclut par le lancinant Black Willow qui déroule sa cicatrisante mélopée avant de disparaître dans ce monde étrange où la nuit se confond avec le jour et le soleil avec la lune.

 

Loma, CD Sub Pop, 10 titres 46 minutes
En concert, le dimanche 27 Mai au Botanique