end header
Jane Weaver
Modern Kosmology, Jane Weaver © Fire records

CD DANS LE COSMOS DE JANE WEAVER

Gilles Bechet -

Quand elle se met en scène, Jane Weaver ne lésine pas sur le maquillage. Sur ses photos, elle peut apparaître avec un kaléidoscope de bleu, jaune et vert caressant ses paupières, quand ce n’est pas un noir charbonneux et brillant qui semble extrait du plus profond de l’espace. Sur la pochette de son dernier album, ses cheveux sont en éventail comme s’ils se dressaient en réponse à un intense courant magnétique. Elle est comme sa musique, intense et colorée. Qui a dit psychédélique ?

 

Rythmique hypnotique

Modern Kosmology est le septième album de la discrète anglaise où elle explore son univers, son cosmos. The Silver Globe, son précédent album, a été salué avec enthousiasme par la critique anglaise. Inspirée par un film de science fiction de Andrzej Zulawski, elle y branchait son folk pastoral dans les fulgurances électriques du psychédélisme. Avec son nouvel album, elle poursuit son exploration psychédélique pour des chansons qui n’ont rien du pastiche. À la fois pop et expérimentale, sa musique est aussi légère et mélodique.
L’album s’ouvre avec la rythmique hypnotique de H >A >K, dédié à Hilma af Klint. Pionnière de l’abstraction, bien avant avant Kandinsky, cette artiste suédoise a tourné le dos au réalisme et a produit au début des années 1900 des tableaux pleins de codes et symboles dont elle tirait l’inspiration dans les séances de spiritisme de la société secrète et féminine réunie autour d’elle. Esotérique peut-être, la musique de Jane Weaver n’est pas pour autant hermétique. D’ailleurs, pour ne pas se laisser enfermer, elle termine sa chanson sur des chants d’oiseaux. Au fil des titres, les plus affûtés reconnaîtront éventuellement des emprunts ou des influences au psychédélisme des sixties, à la kosmische musik des seventies et au synth pop des eighties.

Ouvrir les yeux

Avec sa rythmique nonchalante et ses bourdonnements de synthés, la chanson Modern Kosmology nous plonge dans un trip sixties. Le titre serait parfait pour illustrer un épisode de Thunderbirds ou de Chapeau melon et Bottes de cuir dans l’espace. Slow Motion remonte le temps jusqu’aux années 80 avec un riff de synthé que ne renierait pas OMD. Loops in the secret society combine des guitares dissonantes et déglinguées sur une rythmique répétitive qui propulse la voix cristalline de Weaver.
The Architect met les gaz, le son est plein. Nous voilà embarqués dans une poursuite spatiale, les lumières de l’hyper-espace fusent. Et on évite les trous noirs.
La respiration bucolique de Valley commence avec des arpèges de guitare et se poursuit en une ballade indolente et envoûtante.
Dans Revenspoint, elle invite pour un spoken word Malcolm Mooney, premier chanteur de Can. Le morceau n’est pas pour autant un copié-collé de la musique du groupe allemand mais évoque plutôt une cérémonie païenne avec son rythme lancinant, ses envolées de violon et ses voix qui flottent quelques mètres au-dessus du sol. Une invitation à ouvrir les yeux autant que les oreilles.
Avec Modern Kosmology, Jane Weaver a digéré ses influences sans les renier. Elle fait de la musique d’ hier, d’aujourd’hui et de demain. Ses chansons vont droit au but, elle explore le cosmos sans jamais nous lâcher en cours de route.

 

 

Modern Kosmology, Jane Weaver, CD Fire records, 10 titres, 44 minutes
Concert mardi 14 novembre, Ancienne Belgique