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Maman pour le dîner, Shalom Auslander, Belfond Editions, 21 € 

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Burp !

Anouk Van Gestel -

 

Chaque semaine, Anouk Van Gestel repère le meilleur des sorties littéraires, relie les genres, réveille les classiques oubliés, partage ses trouvailles insolites et ses rencontres d’auteurs, d’ici ou d’ailleurs.

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Vous reprendrez bien un peu de Maman pour le dîner

Chez les Seltzer, la fille se prénomme Zéro (parce que ça ne compte pas) et les 12 garçons selon leur arrivée sur terre, Premier, deuxième,… Septième, éditeur, est marié et coule des jours plus ou moins heureux à New-York. Ce fragile équilibre va voler en éclats le jour où son frère aîné – Premier, – lui annonce le décès de sa mère. Et, selon les traditions ancestrales de leur tribu, les Can-Am (Cannibales-Américains), il faut dévorer en famille le corps de leur génitrice. Une tradition religieuse à laquelle il ne peut, hélas, se soustraire.

L’extrait

Au fil du temps, les Cannibales ont élaboré différentes théories afin d’élucider les raisons pour lesquelles la pestilence dégagée par une mère en train de cuire était aussi ignoble, mais n’en n’ont jamais arrêté de définitive. Ce serait trop simple d’incriminer l’âge – à savoir, l’odeur infecte des mères serait à mettre sur le compte de leur vieillesse -, puisque la pestilence des mères jeunes est aussi intolérable que celle des mères plus âgées (même si les premières sont savoureuses). A une époque moins ouverte que la nôtre, certains ont posé comme postulat que leur remugle serait lié à leur apparence. Autrement dit, les mères laides sentiraient plus mauvais que les jolies.

Entre les lignes

Estomac sensible s’abstenir. Autant vous prévenir, une très grande partie de cette farce philosophique ne peut être consommée sans un sens de l’humour corrosif, du second degré, et une appétence pour le cynisme. Ce roman est férocement drôle, macabre et déjanté mais aussi plein de finesse, de références psychanalytiques et de questionnement sur l’identité. Faut-il manger la mère pour exister ? Vous avez deux heures.

Maman pour le dîner, Shalom Auslander, Belfond Editions, 21 €