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Bernard Villers
Bernard Villers, Raclette, 1983. Latex, papier, bois, fer, caoutchouc © Photo Daniel Dutrieux
Bernard Villers
Bernard Villers, Hors-d’œuvre à Marchin, 2013 © Photo Jackie Lecouturier
Bernard Villers
Bernard Villers, Light & color, 2011© Photo Vincent Everarts
Bernard Villers
Bernard Villers, Inclinaison II - diverses petites pièces - 2017-2018 © Daniel Locus
Bernard Villers
Bernard Villers, L’envers l’endroit - rouge et noir, 2017 © Photo Daniel Locus

BERNARD VILLERS
BAIN DE COULEURS

Gilles Bechet -

Le Botanique présente une rétrospective de Bernard Villers, un artiste belge discret et singulier qui a consacré l’essentiel de son œuvre à la couleur. Dont il a fait l’alphabet de son expression poétique.

 

L’art pour célébrer

Au début, il y a la couleur, comme une évidence. Et puis il y a la lumière, les formes, les matières. Cela pourrait paraître peu, mais c’est beaucoup dans l’univers de Bernard Villers. Tel un médecin de l’âme, il veut réinjecter la couleur dans le quotidien comme on ramène un étourdi à ses sens. Après les toiles, le papier et le carton, son œuvre invite aussi des objets banals métamorphosés par ses enduits colorés. Une assise de chaise peinte en rouge orangé ou de bleu ou un tiroir désossé ramené à ses planches essentielles, couvertes d’un violet velouté. Ou encore une palette zébrée de jaunes, de rouges et de bleus pures. La raclette reproduite sur l’affiche est emblématique. Un objet trivial utilisé pour évacuer les eaux sales se dresse sur un mur pour y ramener une bande rouge dont on sent encore la vibration. L’art pour raviver le quotidien trop terne, et célébrer les différences et les alterités plutôt que les cacher.

Pas de chronologie

Tout est matière à peindre, remarque-t-il dans un des petits textes qui accompagnent l’exposition.  Les phénomènes les plus connus, les expériences vécues par tout le monde quotidiennement peuvent devenir sujet de peinture pour autant qu’on leur trouve une forme. Ce qui est vu n’est pas toujours regardé.
Il n’y a pas de chronologie, ni de cartels dans l’exposition où les œuvres se présentent dans toute leur simplicité sans dispositif ni discours superflu. Les curateurs ont volontairement limité le nombre de pièces pour les laisser respirer.

Jamais de mélange

Au cœur de l’exposition, des grands panneaux de polycarbonate alvéolaire bien connu des bricoleurs. Pliés comme des origamis autoportants, ils sont enduits sur le recto et le verso d’un monochrome qui joue avec la lumière ambiante. L’arrête de la pliure tranche les couleurs et trace sa ligne dans l’espace. Monumentales, les pièces gagnent à être approchées, contournées et caressées par le regard comme elles le sont par la lumière.
Il y a aussi des miniatures qui ne sont pas de maquettes, mais des œuvres à part entière à poser sur une table. Bernard Villers ne fait jamais de mélange, il prend les couleurs comme elles sortent du pot ou du tube. Il les juxtapose et c’est au spectateur de faire les mélanges dans l’œil en fonction de la lumière et de sa position ans l’espace. Ses bandes de couleurs pourraient parfois rappeler celles des drapeaux, mais l’artiste n’affiche aucune appartenance si ce n’est celle de l’émotion visuelle.

Pas de discours

Artiste discret, Bernard Villers travaille la couleur depuis le début des années 80, mais c’est aussi un homme de mots qui est éditeur de livres objets où il fait dialoguer mots, formes et couleurs. Les mots originels sont ceux qui définissent la couleur. Un jaune Sénégal ou un vert Véronèse. C’est un image en plus.  A une époque, je ne savais pas quoi peindre ni quelle couleur utiliser. Alors je me suis basé sur leurs noms.  confie-t-il. Ainsi dans une série de toiles qui explorent différentes variations du noir sont simplement identifiées par le nom du produit : noir Oural, noir de mars, nero di Pisa.
Dans sa pratique, il passe volontiers de l’acrylique, à l’huile au latex ou à la tempera qu’il fabrique lui-même. Le choix du type de couleur est instinctif, il répond à la surface et à l’humeur du jour. «La tempera c’est comme la cuisine et comme j’adore faire la cuisine. On mélange de l’œuf, des pigments et de l’eau. On voit ce qu’on fait. Quand je suis trop impatient, j’emploie l’acrylique et même le sèche-cheveux pour aller plus vite.  L’œuvre de Bernard Villers n’a pas besoin de discours, d’écran ou de faux semblants, elle se présente au spectateur telle qu’elle est, dans toute son infinie simplicité.

 

Bernard Villers, La couleur manifeste
T : 02 218 37 32 www.botanique.be
jusqu’au 28 octobre

 

Botanique
236 rue Royale
1210 Bruxelles www.botanique.be
Du mercredi au dimanche de 12.00 à 20.00