Musiques
LES NUITS SONT BOTANIQUE

Gilles Bechet -

 

Incontournable ouverture de la saison des festivals, Les Nuits Botanique reviennent pour une 26e édition, fidèle à leur réputation de défricheur de talents venus de chez nous et d’ailleurs. Un lieu magique, une programmation assaisonnée de découvertes, de confirmations et de créations. Repérages.
Panda Bear, ©Photo Fernanda Pereira
Membre du groupe electro psychédélique Animal Collective, Noah Lennox mène une carrière solo sous le nom de Panda Bear. Sa musique est un voyage intime dans un vaste océan sans tempêtes. Buoys son dernier album va à l’épure, dans un electro folk proche de l’ambiant. Une guitare acoustique, une basse et quelques traitements électroniques et une bonne dose d’écho qui fait tournoyer ses mélodies autour de lui. Un album où il a voulu gommer ses excentricités sonores les plus abrasives au profit d’un son plus direct, à même l’espère-t-il de plaire à ses enfants. Pleine d’échos, sa musique sinueuse et hypnotique sait se faire solaire ou évoquer une chorale au fond de la mer et une ballade à côte d’un dauphin.
Panda Bear, mardi 23 avril
La BandeSon
Hubert Lenoir © Hubert Lenoir
Il y a du glam, du punk et beaucoup d’autres choses chez Hubert Lenoir, jeune prodige du rock venu de la Belle province qui aime cultiver les looks androgynes. Bête de scène insolente et décomplexée, il viendra présenter son premier album Darlène, une sorte d’opéra post moderne et conceptuel, qui prolonge le roman de sa compagne et manageuse Noémie Leclerc, lui aussi intitulé Darlène où il est question d’émancipation, d’amour et de quête d’identité. On y voyage du jazz psyché au glam-rock flamboyant, en passant par les rythmiques d’un boogie-funk poisseux ou les envolées d’un rock progressif gourmand.
Hubert Lenoir, vendredi 26 avril
Lambchop, © Elise Tyler
Le groupe de Kurt Wagner est un institution à Nashville. Né au début des années 90 dans la capitale du country, Lambchop n’a pas eu peur de faire évoluer sa musique infusée de soul, de lounge music ou d’électro. Observateur tantôt humble, tantôt ironique du quotidien depuis le porche de sa maison Kurt Wagner a découvert l’autotune avec FLOTUS, son album précédent et y a trouvé une nouvelle jeunesse et une liberté inattendue. Définitivement laidback la musique de la formation à géométrie variable est un luxuriant écrin musical au chant de Wagner qui, comme un monologue intime, dérive et s’enroule avec la légèreté. Son dernier album s’intitule This (Is What I Wanted to Tell You). Voilà ce que je voulais te dire. Des confessions comme ça, on en redemande.
Lambchop, dimanche 28 avril
Black Flower © Black Flower
La fleur noire pousse exhalant de capiteux parfums venus d’orient et d’ailleurs. Le groupe créé par le saxophoniste et flutiste belge Nathan Daems pratique une musique où le jazz éthiopien se teinte de dub, d’afrobeat et de musique balkanique. Avec un sens du groove inné les cinq musiciens nous emmènent dans un voyage hypnotique où l’on regarde la lune le soir dans un désert ou sur le toit d’une mégalopole silencieuse. On ferme les yeux, on ne sait plus où l’on est, sur la piste d’insaisissables caravaniers, dans un cinéma à voir un documentaire sur des plantes qui ne fleurissent que la nuit ou dans la soute d’un de ces engins pionniers des premiers voyage spatiaux.
Black Flower, dimanche 28 avril
run Sofa © Run Sofa
Antoine Romeo et Julien Tassin, les deux cousins carolo qualifient leur musique comme un rock intuitif et hybride. Ils ont beau avoir emprunté leur nom à une chanson de George Harrison, ils ont les oreilles ouvertes sur tout ce qui se fait aujourd’hui. Leurs compositions brouillent les frontières musicales, puisant dans le rap, le blues, la samba, le rock industriel ou expérimental. Brut, incisif et mélodique, run Sofa est aussi un formidable groupe de scène. Après leur premier album Say, sorti en janvier 2018, ils reviennent avec The Joy of Missing out, un EP de six nouvelles chansons qu’ils étrennent en ces Nuits.
Run Sofa, lundi 29 avril
Nilufer Yanya © emmie magazine
La jeune londonienne a grandi en écoutant Nina Simone, Amy Winehouse et les Pixies. Guitariste intuitive, Nilüfer Yanya a aussi une voix voilée qui caresse et qui écorche. Ses chansons minimalistes et mélodiques captent la sourde inquiétude et les illusions faciles de notre époque. Son premier album, Miss Universe, se moque, dans de petits intermèdes, d’un de ces programmes de coaching miracle qui se diffusent sur la toile en proposant au choix, l’abstinence alcoolique, la taille mannequin, des abdos de rêve ou tout ce qui pourrait faire du quotidien un lit de roses. Le plus important est sans doute son sens mélodique qui joue subtilement entre la retenue et la confession, l’abrasif et le sophistiqué dans une fusion entre jazz, soul et pop alternative.
Nilüfer Yanya, lundi 29 avril

Infospratiques
Flavien Berger © Juliette Gelli - Maya de Montdragon
Le français a commencé la musique avec le jeu Music 2000 sur Playstation. Il ne lui a fallu que deux albums pour imposer sa nonchalante pop psychédélique et électronique. Avec Contre-Temps, il plie la réalité comme il la chante dans une de ses chansons-puzzle où les mots jouent à cache-cache avec les sons synthétiques. C’est un album de science-fiction qui parle d’histoires d’amour et de sensations, comme une madeleine venue du futur qu’on déguste lentement pour se souvenir de choses que l’on n’a pas encore vécues. Sur scène, Flavien Berger aime improviser à partir du squelette de ses chansons. Il réarrange les mots comme les notes en fonction des émotions et du feeling du moment, histoire de pouvoir étonner le public comme il s’étonne lui-même.
Flavien Berger, mardi 30 avril