Tout Julie Duroisin

Sophie Schneider -

Seule en scène ou meneuse de troupes, la vis comica chevillée au corps, Julie Duroisin joue avec passion, aisance et plaisir. Pour les spectateurs, c’est un vrai bonheur…
© Dominique Bréda
Avant le théâtreUn détour
La saison dernière, on a pu la voir dans « La Dame de chez Maxim », « La concordance des temps », « Pourquoi j’ai tué Pierre » de la compagnie Transhumance ou encore « Purgatoire » au Théâtre de la Toison d’Or (TTO) où elle joue pour l’instant « Enfer » avant d’enchaîner d’autres projets… Volubile et joyeuse, prix du Meilleur espoir féminin pour son monologue « Emma », elle parle d’abord pourtant des autres et de l’admiration qu’elle leur porte avant de se livrer, révèle qu’elle est capable de se prendre la tête à mort pendant les répétitions, mais ne recherche en scène que le plaisir. Généreuse, drôle, anxieuse, Julie Duroisin porte la marque des grandes. Espoir confirmé.

J’ai toujours voulu faire du théâtre, je harcelais le metteur en scène de la troupe amateur du jeune théâtre d’appoint d’Orp pour pouvoir jouer, mais j’étais trop jeune. Laurence Adam, qui mettait en scène les adultes de la troupe, m’a confié un petit rôle dans un des spectacles, un petit rôle qui s’est développé… c’était flippant. Mais après ça, j’ai su que je voulais faire ce métier. Ma mère me disait: « Oui, mais ce n’est pas dit que tu pourras gagner ta vie ». Alors, je répondais que si ce n’était pas comédienne je serais maquilleuse ou costumière. Je ne savais pas combien c’étaient de vrais métiers. Scénographe, maquilleur, éclairagiste, costumier… 

Je suis très admirative du travail de ces artistes qui amènent leurs imaginaires et les mêlent à la vision du metteur en scène : c’est fascinant de voir comment ils apportent cette couche supplémentaire à la manière dont l’histoire va se raconter, de voir comment tout se complète. L’univers de Noémie Breeus, dans « La concordance des temps », en est un bon exemple.
© Dominique Bréda
La saisonde Julie
Emma, c’est tous les âges d’une femme à travers la lecture de Flaubert. Plus jeune, j’étais fan de Laurence Bibot, je connaissais « Bravo Martine » par cœur… Je m’étais toujours dit que quand je serais grande, je ferais un monologue. Avec Dominique  Bréda, on s’est dit: « Chiche! » J’avais totalement confiance dans le texte. C’est le plus beau cadeau que l’on m’ait fait, ce seul en scène, même si c’est ce qui m’a fait le plus peur au monde: c’est un trac particulier sans filet. J’avais 24 ans à la création et quand je le joue, aujourd’hui, j’ai l’impression que ce trac empire. Mais ça m’a apporté une assurance sur le plateau : les gens m’écoutent, moi, pendant une heure et demie… J’ai aimé être seule en scène, mais j’adore tout autant l’esprit de troupe. Je trouve ça rassurant et puis, il y a la rencontre et le partage. J’ai toujours du plaisir à retrouver mes partenaires et toujours du plaisir à jouer. Je sors de scène en me disant que je me suis bien amusée. Après, j’ai la chance de n’avoir pas à jouer que des choses sinistres… Emma, du 2 au 20 juin à la Samaritaine, 16 rue de la Samaritaine,
1000 Bruxelles T. +32 (0) 2 511 33 95, www.lasamaritaine.be
Le mondede Julie
C’est Dominique Bréda qui nous a écrit notre première création pour le café théâtre du TTO (et c’était une première pour lui aussi.) Il nous connaît, ça lui permet de nous écrire des rôles sur mesure. Plus jeune, c’est lui qui m’écrivait mes dissert’, j’avais de super points ! J’ai succédé à Alexis Goslain dans l’aventure du café théâtre du TTO. Je n’avais jamais eu une telle responsabilité. Avec Catherine Decrolier, Odile Ramelot et Thomas Demarez, on s’est « associés » sous le nom Cramique et Gosette, on a fait notre première programmation et notre première création. Ça a été plein de rencontres. On s’est frottés à nos forces, à nos faiblesses. Parfois, ça clashait. On a appris à se connaître, à calmer nos ego, à connaître nos limites, nos valeurs et comment négocier avec tout ça. On a fait nos armes sur le plan humain et artistique. Nathalie Uffner nous a dit : « Vous êtes jeunes, l’idée, c’est de faire ce que vous aimez, mais je ne veux pas que cela fasse fancy-fair! »  Elle nous a vraiment bien soutenus. Je lui suis reconnaissante, elle a été un tremplin, je ne sais pas si elle en est consciente, mais elle a été très importante dans ma carrière. 
La « Dame », c’était mon cadeau de la saison dernière. Il y a des metteurs en scène qui viennent te voir et puis reviennent te chercher. Myriam Youssef, j’avais déjà travaillé avec elle sur « I will stay till she comes, 352 kilos de femmes et Shakespeare.» Elle m’en avait parlé, il y a longtemps, elle était toute confiante et moi, super flippée : je n’ai pas l’habitude d’un langage tel que celui de Feydeau. C’était un gros défi…