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Sushi Sexy

Didier Dillen -

Dans le Japon d’aujourd’hui, le film L’Empire des sens passerait presque pour une bluette à destination des jeunes filles prépubères. Sans même parler des estampes chères à grand-papa. La sexualité au pays des geishas affiche en effet une tournure pour le moins débridée. Et aussi passablement machiste, le désir féminin y étant encore largement occulté. Bars à fellation, hommes androgynes, fantasme de la collégienne, fétichismes innombrables, tracts porno par dizaines dans les boîtes aux lettres, bondage… les Japonais semblent n’avoir aucun tabou en la matière. Omniprésente, l’industrie du sexe, ses clubs érotiques, sa prostitution, génère un chiffre d’affaires annuel estimé à près de six milliards d’euros ! Un monde à part, étonnant et parfois choquant pour qui n’est pas japonais.

A vendre, petite culotte peu portée

Le fétichisme de la petite culotte, ou panchira en nippon, est un bel exemple de cette culture sexuelle si particulière. De lubie discrète, cette perversion a fini par devenir un petit business florissant. Des sites de vente sur Internet ont vu le jour. Celui du Shitagi Bijutsukan, qui se présente comme un musée du sous-vêtement, propose des culottes ayant été portées par des femmes entre 20 et 50 ans. Actif depuis de nombreuses années, il reçoit encore aujourd’hui jusqu’à plus de quarante mille visiteurs par jour ! Une photo de la propriétaire revêtue de la petite tenue mise en vente figure le plus souvent sur l’annonce. Pour un supplément, certaines femmes proposent même de se déshabiller devant l’acheteur, histoire de prouver l’authenticité et la fraîcheur de son emplette. Les Burusera shops, qui sont eux des magasins bien réels, sont pour leur part spécialisés dans le sous-vêtement et l’uniforme de lycéenne déjà portés. Face aux nombreux abus commis par le passé*, une loi interdit l’achat et la vente de ces trophées aux personnes de moins de 18 ans. L’existence de distributeurs de petites culottes usagées semble par contre difficile à prouver. Si certaines machines installées dans les quartiers chauds des métropoles japonaises permettent bien d’acheter de la lingerie, il n’est pas certain que celle-ci ait vu l’ombre d’un entre jambe féminin !

Arrosage japonais

Les Pink Salon (pinsaro), les fameux bars à fellations, et les Image clubs, sont un autre exemple typique de cette culture du sexe Made in Japan. Dans ces salons très privés, l’employé japonais, par définition surmené, trouve de quoi satisfaire ses envies libidineuses même les plus délirantes, comme louer une fille habillée en infirmière, en secrétaire ou en écolière faussement ingénue. La rencontre se déroule parfois dans des décors fictifs recréés pour l’occasion : salle de classe, rame de métro, cabine d’avion… Les plafonds y ont bien évidemment des miroirs et les ascenseurs sont en verre, afin de satisfaire les envies des clients voyeurs. Fantasmes et fétichismes ne manquent d’ailleurs pas dans l’archipel. C’est le cas notamment de la pratique, très populaire au Japon, du bukkake. Courante dans les films porno et ayant largement débordé l’archipel nippon, elle se décline également sous la forme de mangas. Le pitch est on ne peut plus simple : une pauvre victime, souvent une timide secrétaire ou une écolière naïve, se fait asperger le corps ou plus souvent le visage par un groupe d’hommes, lesquels agissent à tour de rôle. Bukkake veut d’ailleurs dire éclabousser en nippon, sauf qu’ici il ne s’agit pas d’eau, mais d’un liquide nettement plus viril… À la fin de la scène, l’actrice fait parfois gokkun, une onomatopée qu’on pourrait traduire par slurp. Sans commentaire.

Les samouraïs sont raplapla

Ces dernières années, les mœurs nippones en matière de fantasmes et de prostitution semblent cependant s’être quelque peu adoucies. Du moins celles de la partie mâle du pays des chrysanthèmes. Une conséquence du vieillissement de la population ? Ce n’est pas impossible. Les plus de 65 ans représentant en tout cas 28% de la population au Japon. Un chiffre appelé à augmenter encore. Le manque d’intérêt** pour l’acte charnel d’une part croissante de la population japonaise est sans doute aussi une explication, ainsi que le coût assez élevé de la prostitution classique. Toujours est-il que la demande sexuelle est en train d’évoluer. À la pénétration vaginale, interdite mais largement pratiquée dans les soaplands et Delivery Health (salons de massage ou massage à domicile) succède aujourd’hui une demande de prestations plus soft et de services quasi-sexuels. La finition main est ainsi généralement effectuée par le client lui-même. De plus en plus de consommateurs souhaitent également passer un peu de temps en charmante et jeune compagnie, sans avoir à passer à l’acte. En témoigne, par exemple, le récent engouement pour les Maid Cafés, où des jeunes femmes en affriolantes tenues de soubrettes accueillent en minaudant un public principalement masculin. Dans les soineya stores, ou cafés à câlins, des clients solitaires paient pour s’allonger à côté d’une jolie fille, se faire cajoler ou se reposer dans les bras de celle-ci, sans autre arrière-pensée. La durée du service va de vingt minutes à une nuit entière. Pour un supplément, ils peuvent même se faire regarder dans les yeux.

Pénétrations monstrueuses

On ne peut évidemment pas parler de la sexualité au Pays du soleil levant sans évoquer le phénomène des mangas érotiques et pornographiques. Baptisés hentaï, ils sont publiés chaque année à des millions d’exemplaires. Il en existe de nombreux sous-genres très populaires et parfois très hard : bakunyuu  (dédié aux très très gros seins),  Monster hentaï (coucheries entre humains et monstres tentaculaires), Yuri (hentaï lesbien)… Tout ce qui est nippon serait-il donc fripon, voire même franchement pervers ? Ce serait oublier les incroyables paradoxes d’un pays où les femmes et les hommes prennent depuis des siècles leurs bains nus et ensemble, mais qui a longtemps interdit la représentation des organes sexuels et de toute pilosité pubienne. En tout cas, si d’aventure vous vous retrouvez Lost in translation dans le quartier chaud de Tokyo, ne confondez pas arigato, merci en nippon, avec harigata, qui désigne un ancien godemiché  japonais !

* Cette coupable obsession se manifeste aujourd’hui sous d’autres formes plus ou moins légales, comme certaines pratiques locales comparables aux Sugar Daddy (les rapports sexuels en moins) ou le surprenant nombre de fans masculins, âgés parfois de 40 à 50 ans, qui assistent aux concerts des girl groups japonais.

** D’après une étude menée par le National Institute of Population and Social Security, près de 42% des japonais et 44% des japonaises célibataires sont encore vierges à l’âge de 35 ans.

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Retrouvez toutes les semaines la rubrique MetroBoulotSexo, un regard espiègle et toujours bien documenté sur ce qui se passe généralement sous la ceinture, par Didier Dillen du blog Love,Sexe etc

 

Illustration TaraM