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Bentley Flying Spur V8 S

Pierre-Benoît Sepulchre -

Le constructeur britannique Bentley élargit a famille Flying Spur avec une nouvelle déclinaison baptisée V8 S. Cette version, plus sportive que la Flying Spur 'de base', vient du coup s'intercaler entre le V8 et le plantureux W12.

 

© Gauthier Sepulchre

 

Une stratégie de diversification qui avait été inaugurée par la Continental GT, coupé et cabriolet ayant eux aussi droit à une version S. Tout comme celle-ci, la Flying Spur voit son V8 biturbo de 4 litres (moteur que l’on retrouve notamment sous le capot de l’Audi A8) passer de 507 à 528 ch, tandis que son couple grimpe de 660 à 680 Nm.

 

© Gauthier Sepulchre
Cette excellente santé permet à la limousine britannique de pulvériser le 0 à 100 km/h en 4,9 secondes alors que la Flying Spur tout court réalise le même exercice en 5,2 secondes. Seule la version W12 parvient à faire mieux avec un temps de 4,6 secondes. Enfin, la V8 S franchit le cap symbolique des 300 km/h, là où sa petite soeur doit se contenter d’un « modeste » 295 km/h. Des performances impressionnantes qui réclament 10,9 l/100 km de super, les émissions de CO2 étant pour leur part cantonnées à 254 g CO2/km. Des valeurs qui peuvent être atteintes à conditions d’avoir le pied léger avec la pédale de droite. Lorsque c’est le cas, 4 des 8 cylindres sont désactivés afin de limiter l’appétit de cette grande et lourde dame.

 

© Roderick van den Biezenbos
Robe de bal

Dérivée de la Continental Flying Spur, née en 2005, la Flying Spur tout court est une vaste limousine qui a pour mission de combler les désirs d’une clientèle principalement chinoise. C’est en effet vers la Chine que la majorité des exemplaires produits est exportée. Du coup, Bentley a fait en sorte de répondre au mieux aux desiderata de ces nouveaux riches. Jusqu’à en perdre l’âme d’une limousine anglaise ?

 

© Gauthier Sepulchre
Heureusement non. Par rapport à la précédente génération, la Flying Spur gagne une calandre plus verticale et proéminente qui fait montre d’un charisme assumé, à l’image du tycoon qu’elle a pour mission de véhiculer. Le profil, lui, voit ses épaules gagner en largeur ce qui concourt naturellement à muscler la partie arrière de la berline. Les feux arrière enfin sont inédits et, par rapport à la Continental Flying Spur, font preuve d’une plus grande finesse, ce qui concoure à alléger la face arrière du modèle. Enfin, cette version reçoit des jantes de 20 pouces (21 pouces Mulliner en option) et voit sa calandre adopter une finition noire.
V8 teutonsous capot anglais
© Roderick van den Biezenbos
La route se fait velours

Qui dit transmission intégrale dit forcément motricité optimale. Equipée de pneumatiques été, il est difficile de prendre la berline en défaut, celle-ci étant littéralement rivée à la route. Et lorsqu’elle chausse des pneus hiver, elle fait preuve d’une polyvalence exceptionnelle, que la chaussée soit grasse ou recouverte de poudreuse. De quoi combiner un confort princier avec un très haut niveau de sécurité.

 

© Roderick van den Biezenbos
Particularité chère à Bentley, pour démarrer, la clé se tourne à gauche du volant (comme sur une Porsche) ou via un bouton chromé placé sur la console centrale. Ce dernier vous laisse donc la possibilité de garder votre clé en poche, tout en conduisant. Le V8 une fois lancé, celui-ci demeure quasiment inaudible, sauf si l’on sollicite généreusement la pédale de droite. Une vraie limousine qui permet donc à ses passagers de piquer un roupillon lorsque cela s’impose, et ce d’autant que les places arrière bénéficient de stores semi-occultants.

 

© Bentley Motors
Byzance

Pénétrez dans l’habitacle de la Flying Spur vous fera oublier toutes vos références en matière automobile. Un luxe à l’anglaise, peut-être un tantinet excessif, qui se traduit par du cuir matelassé à profusion, de nombreux chromes, du bois vernis ou encore d’épaisses moquettes en laine. Dans cet univers haut de gamme trônent quelques plastiques qui ne sont pas là à leur place, à l’image du système multimédia provenant chez Volkswagen dont les interrupteurs anthracites sont plutôt dignes d’une Polo.

En outre, le chauffeur et le passager avant ne devront pas être trop grands. En effet, même réglé au plus bas, la tête des grands de ce monde frottera contre le ciel de toit. Regrettable pour un véhicule de cette classe et surtout de cet encombrement.

 

© Bentley Motors
Enfin, on ne peut que déplorer le côté désuet et dépassé de l’infodivertissement embarqué. La présentation et l’ergonomie ont fait leur temps tandis que les possibilités d’utilisation sont limitées. On ne peut par exemple pas faire de recherche via Google. A ce prix, on est tout de même en droit d’attendre un logiciel un peu plus au goût du jour. Dans la même veine, Bentley fait également l’impasse sur la plupart des avancées technologiques récentes, à l’image de l’assistant de trajectoire, du head-up display ou encore des sièges massants. Certes, c’est un détail mais face à une Mercedes Classe S ou une Audi A8, l’anglaise demeure nettement en retrait. Seule l’installation hifi développée avec Naim Audio fait montre d’une vigueur exceptionnelle, développant un son à la fois riche, détaillé et puissant.
Sortezle chéquier
© Roderick van den Biezenbos
Conclusion

Indéniablement, la Bentley Flying Spur V8 S est l’une des limousines de prestige les plus réussies et les plus confortables actuellement sur le marché. S’ajoute à cela un charisme, une prestance et un niveau de finition auxquels les berlines allemandes ne peuvent prétendre. Du coup, chaque déplacement se mue en un véritable événement. A vrai dire, seuls les geeks et autres accrocs à la technologie déploreront un système d’infodivertisement un rien dépassé, et l’absence d’options principalement sécuritaires. Pour le reste, Bentley est parvenu à conserver l’esprit d’une autre époque, un trait de caractère qui, soyons de bon compte, excuse les quelques défauts propres au modèle.

 

© Roderick van den Biezenbos

Points forts

+ atmosphère sereine et luxueuse
+ moteur exceptionnel
+ confort hors norme
+ haut degré de personnalisation

 

© Roderick van den Biezenbos

Points faibles

tarif
retard technologique
position de conduite

 

© Gauthier Sepulchre
Motorisation : V8 3.993 cc biturbo
Puissance : 528 ch – 680 Nm
Transmission : boîte séquentielle à 8 rapports ZF
Type de transmission : intégrale
Consommation mixte : 10,9 l/100 km CO2 : 254 g/km
0 à 100 km/h : 4,9 secondes
Vitesse de pointe : 306 km/h
Poids : 2.972 kg
Prix de base : 189.970 €