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Le Cri, Edvard Munch

Carte postale d’Oslo

Simon Brunfaut -

Divagations d’un chroniqueur philosophe en vacances

 

1. À peine arrivé, vous comprenez la situation : Oslo a fait une chute. On dirait qu’elle est tombée d’un nuage, qu’elle s’est pris les pieds dans une forêt pour finir le bec dans l’eau. Elle est toute engourdie comme une jeune fille en convalescence après un accident de planeur, à moins que ce ne soit de tremplin.

2. Il faut prendre Oslo de haut car c’est là qu’elle se révèle. Au fond d’une tente, vous n’avez pas fermé l’oeil de la nuit. Tirez la fermeture éclair à demi et observez la ville sortir de sa pudeur et prendre une pose langoureuse. Il faut savoir être voyeur à Oslo.

3. Partez en Norvège en été, on vous prendra pour un fou ou pour Crésus. Ce qui revient au même dans le fond. En deux jours, vous avez fait le tour de la planète. Du moins, votre portefeuille.

4. Méfiez-vous des trains à Oslo : ils partent toujours à l’heure.

5. Les principaux monuments de la ville sont presque irréels. Le Palais royal ressemble à un  décor de cinéma. On cherche les poupées et les petits soldats de plomb. Préférez les parcs. Le reste semble être le rêve d’un enfant immature.

6. Il reste quelques vikings à Oslo. Ils font trois heures de sport par jour, avalent des stéroïdes par paquets et exhibent une peau caramel. Ils ont les cheveux tellement blonds que certaines précautions d’usage sont nécessaires : tout le monde porte des lunettes de soleil à Oslo.

7. Sur la péninsule de Bygdøy, les gens tombent le haut et le bas. Il arrive en effet de rencontrer quelques nudistes. Lorsque vous êtes allongé sur la plage, un panneau vous rappelle que vous êtes à Oslo et non au Cap d’Agde.

8. On peine à comprendre comment une ville puisse être si calme. Les gens n’y parlent qu’en chuchotant. Le cri est dans un musée, le hard metal dans une cave.

9. Oslo sent le café. Par ailleurs, on y mange souvent très mal. Essayez plutôt le jeûne. Le plus grand écrivain norvégien l’avait bien compris : il a écrit « La faim« .

10. Oslo s’appelait Christiana. Mais cette jeune dame a brûlé la vie par les deux bouts, laissant son fils triste comme un fjord.