Prix Etoile de Bazar 2018
Rebecca Szmidt

Choisir l’Etoile de Bazar n’est pas une mince affaire… En dernière année à La Cambre Mode(s), tous les étudiants méritent un prix. Pour leur rigueur, leur acharnement et leur courage. Cette année, le niveau était comme toujours excellent et chaque collection présentée lors des jurys a retenu l’attention l’une pour ses matières ou volumes, l’autre pour son message. Mais celle qui a ému le jury de Bazar  sur le catwalk, c’est sans conteste Rebecca Szmidt et ses femmes hybrides, entre guerrière, féministe et féminine.

Interview de Julie Nysten, video réalisée par Sho Kosughi

Rebecca Szmidt est une battante et ce trait de sa personnalité s’impose dans toutes ses silhouettes. Elle n’abandonne pas, elle lutte, comme les femmes kurdes dont elle s’inspire pour sa collection. En 2ème et 3ème année, c’était très difficile pour moi, je traversais une phase de doute, voire  d’inquiétude. Je devais me réinventer, laisser tomber l’inspiration déjà vue. Grâce au recul et au soutien des professeurs de La Cambre, j’ai relevé le défi et continué ma formation, raconte Rebecca.

Côté matière, Rebecca Szmidt revisite les matières brutes des vêtements army. Mais c’est l’intuitif qui prime. Toujours. Une armure mobile, une protection flexible. Et des noeuds, au niveau de la taille, des chaussures, des chevilles. Hommage vibrant à la danse contemporaine et Marta Graham, danseuse et chorégraphe américaine, qu’elle admire tant. 

Détail militaire s’il en est… le cordage utilisé comme ceinture rappelle les atours des gradés de l’armée. J’avais déjà utilisé cette matière l’année dernière. Pour cette collection, je savais où j’allais et comment y accéder. C’est très réfléchi tout en gardant l’intuitif en toile de fond. J’aime les détails de tension entre la force de la corde et l’élasticité du jersey. Je rends hommage à la protection des tenues des femmes kurdes, les Peshmergas. Le combat des femmes m’interpelle, et celui représenté par la dichotomie Orient Occident chez les Kurdes me semble ultra contemporain.

Selon moi, tout est dans le regard. Tout est dit ou presque. Les foulards qui décorent, habillent et protègent semblent être une sorte de talisman. Un casque moderne et féminin qui dévoile une force de caractère, de détermination. Symbole puissant détourné ou juste effet de style? Un mélange subtil, délicat et fort à la fois, c’est ça qui interpelle de prime abord dans la collection de Rebecca Szmidt.

Et l’histoire continue. Alors que Rebecca Szmidt termine sa formation à La Cambre Mode(s), Léa Vinet, Etoile à suivre, achève sa seconde année. En beauté ! De la nudité, de la transparence et une tonalité de rouge flamboyant. Mon choix s’est porté vers un rouge éclatant, associé à de la transparence sur le corps, un brin de provocation mais exécutée de manière délicate, explique Léa Vinet. Des puissantes cuissardes inspirées des cow-girls, une collaboration avec Jane Wright, étudiante en design textile à La Cambre et une technique déjà affutée. Tout chez Léa Vinet lui promet un bel avenir couture.

Cette année, La Cambre Mode(s) innove et fait durer le plaisir. Dans le cadre de la commémoration de Mai 68, La Cambre s’expose ! Au Musée de la Mode et de la Dentelle à Bruxelles, LOL, c’est l’occasion est belle de voir (ou revoir) les pièces fortes de étudiants qui ont défilé sur le catwalk des Halles de Schaerbeek.